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Babeth (post-Atarɐxe)

Publié le 28 mai 2011 par Banalalban

Ma biche,

Je viens par ce message te faire un petit coucou en espérant que tout aille bien pour toi et la pépette. Pour moi, tout va bien : je serai de retour sur Rabat samedi dans deux petites semaines normalement ; la maison me manque et les enfants et je lis beaucoup quant à toi, c’est indéfinissable tellement tu me manques.

Non, ne t’inquiète pas, c’est bizarre ici et on sent bien que les gens changent, c’est peut-être moins pire que ce qu’ils disent dans vos informations.

Oui, je fais attention à moi.

Il faudrait que tu me rendes un service : il faudrait que tu ailles à la banque, car tu sais… merci beaucoup.

Je te bise très fort et te dis à demain.

Idem.

J’ai le cafard de Rabat quand même.

C’est très bizarre la vie ici, mais comme tu me connais, je m’en sors. Et toi, comment vas-tu ?

Ne t’en fais pas, je suis une battante.

Oui.

Oui.

Mes gosses me manquent… Alex.

Bien et toi ?

Je pense m’y faire : ce n’est pas si dur.

En fait et pour être très franche, je ne sais pas exactement quand. Si jamais je craque, promis, je rapplique avant. Je ne peux pas vivre sans eux. J’ai les boules de les avoir laissés, je te dis pas.

Je t’embrasse.

A.

À bientôt.

Mes gosses.

Oui, je visite surtout. Mais par rapport à Rabat, je peux te dire qu’on se les gèle. J’ai connu pas mal de gens ici, mais cela ne remplace en rien vous tous.

Pas de problème. Dès mon arrivée, je te fais signe pour qu’on aille danser : ça me manque également.

Non, ici je ne vais pas danser. Le couvre-feu.

Bin oui, tu sais, les rues ne sont pas tranquilles. Il y a des militaires, des policiers, mais ça ne suffit pas.

Le marché noir et les émeutes à cause du rationnement. La nuit et le racket aussi.

Ne t’inquiète pas, ça va je t’ai dit : on va taper la bière et se faire une soirée à mon retour !

J’essayerai de faire un détour par la France ensuite.

Mais je vais d’abord voir question job ce que cela va donner… je suis en train de voir pour moi, car je n’ai vraiment plus envie de bosser pour un boss comme avant.

Tu as disparu ? Je ne te vois plus connectée…

Alex a fait un chèque pour moi et apparemment il est revenu impayé, donc va voir si l’argent est positionné pour couvrir celui-là… tu es là ?

Autrement, pose de l’argent, je crois que ça fait…

Non, pas ce soir, il ne faut pas effectuer de transfert la nuit, car il n’y a aucun contrôle et l’argent disparait. Je peux bien attendre demain avec le décalage et tout. Mais fait vite : Nawal ne veut plus m’aider.

Non, je les comprends : je suis une étrangère ici, même pour eux qui ont des papiers, ça craint, alors pour moi…

J’ai eu Alex : il est cool : il surveille ma maison et mes gosses.

C’est vraiment sympa de sa part.

Ça fait plaisir de savoir que je peux être tranquille ici et qu’Alex s’occupe de tout.

Quoi ? De qui parles-tu ?

Non, Alex je l’apprécie vraiment…

Mais bon, c’est la vie Yédis.

Alex restera…

Il doit faire sa vie et c’est très normal… dans mon cœur, j’ai de l’estime pour lui.

Il y a eu ce qu’il y a eu, mais je ne veux pas qu’on critique mon Alex.

Ce n’est pas une déclaration.

Dans mon cœur, et ça ne veut pas forcément dire amoureuse : toi aussi je t’ai dans mon cœur.

Encore partie ?

Tu n’es plus là ?

Oui, je ne suis pas épaisse, mais Dieu m’a fait un cœur énorme…

Je sais, je sais… Si tu vois Mounifa, dis-lui bien que je pense à elle.

Moi aussi je vous aime.

Souheil aussi, dis-lui que je l’embrasse. Quant à Alex, dis-lui simplement « la gousse » !

Pour se rappeler le bon vieux temps.

Autrement, lui oui : il te l’expliquera, c’est entre nous.

Ah ok, sorry.

Ou : « ta petite amie aime la gousse » ou un truc de ce style.

Tu vas encore bosser à Flah de temps en temps ?

Pourquoi ?

Oui, tu me diras.

Pourquoi tu ne vas plus là-bas ?

Mais tu vois toujours Mounifa et Souheil ?

Ah, ok.

Pour la gousse, il comprendra.

L’été prochain.

Moi je te demande pour Flah. Si tu vas encore là-bas, si tu les vois toujours.

Donc tu pourras leur dire que la Marocaine les embrasse.

Oui, il m’a dit qu’il avait été de perm ce week-end.

Et toi tes journées ?

Comment ça les sonner ?

Oui, mais Alex est déconnecté, je crois.

Enfin je sais pas, car mes trucs ne fonctionnent pas très bien depuis les bombardements et du coup, je ne vois pas quand les gens sont connectés.

Dors sur le dos, ça passe après.

Comme ça.

Super !

Je m’amuse un peu oui.

Non, les 1000 francs, en tout avec les frais et dis-leur de bloquer cet argent pour payer le chèque par contre si il y a de l’argent, dis-leur quand même de bloquer cette somme pour payer le chèque, enfin juste l’argent nécessaire pour payer celui-là.

Oui, je suis là.

Je suis là.

Oh hé !

Coucou !

SOS, réponds !

Le numéro de compte est… oui, oui, comme moi, non…

0000 non, tu es bien comme tu es…

031441 je pense.

Bon allez, je te laisse, ça fait long.

Non.

AH AH, c’est juste que j’ai envie de faire pipi, ne te moque pas de moi.

Oui moi aussi, pense à bien faire ce que je t’ai dit.

Je vous adore !

Gros bisoous…

Yédis tu es là ?

Je suis toujours coincé et je n’ai pas eu de nouvelles de toi depuis deux semaines. Elle ne peut pas venir avant la date limite de régularisation de compte donc tu leur dis bien que tu le fais pour elle, je sais que je t’embête avec ça ma biche, mais il faut que tu me sauves et il faut régler ça avant dans un mois. Tiens moi au courant, à mon retour sur Rabat, dès que je peux je te renvoie l’argent et te rembourse. Je te le promets ma biche, tu me connais, réponds quand même pour me tenir au courant, je m’inquiète. Autrement, mis à part cette histoire dont je t’expliquerai le pourquoi, ma biche, tout va bien et tu me manques beaucoup.

Je pense pouvoir venir plus vite que prévu à Rabat si tout va comme je le souhaite.

N’oublie pas d’ouvrir le compte ma biche, c’est important : ça devient intense ici !

Nawal m’a lâché, je dois trouver un endroit où dormir. Je les comprends, ça craint vraiment ici maintenant. Bon, je vais devoir te laisser : n’oublie pas que je t’aime.

À bientôt.

Ta sœur Babeth qui t’aime.

Pense à moi et sauve-moi ! Bises.

Yédis, je t’en prie, Yédis ! Je ne sais plus quoi faire, ne m’abandonne pas toi non plus Yédis !

 


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