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Cause toujours

Publié le 09 février 2008 par Steveproulx

Brulem Michel Brûlé, patron des Intouchables et de Lanctôt Éditeur, mitraille les librairies de bouquins qui se vendent comme des petits pains. Derrière l'éditeur à succès, il y a un homme en guerre contre le milieu de l'édition, contre les médias et contre la culture anglophone au grand complet... Entretien peu nuancé.

            Cause toujours                


       

                            Lanctôt Éditeur, la maison d'édition que vous avez acquise en 2005, porte maintenant votre nom. À votre avis, qu'est-ce que Michel Brûlé représente dans l'esprit du public?

Michel Brûlé: "Presque tous les jours, il y a des gens qui viennent me parler, me féliciter. Je me suis toujours battu pour le peuple québécois et je pense que les gens aiment mon franc-parler."

Le public vous aime peut-être, mais votre nom dérange dans le milieu de l'édition. Pourquoi?

"Je suis le seul à faire les choses comme je les fais. J'investis une fortune en marketing. J'achète de la publicité sur le pont Jacques-Cartier, de pleines pages dans les magazines, je fais des présentoirs... La plupart des éditeurs se comportent comme des fonctionnaires. Ils vivent de subventions. Ils placent des annonces grosses comme des timbres-poste dans Le Devoir et se contentent de vendre 122 exemplaires en moyenne de leurs livres. Moi, je ne veux pas que mes livres passent incognito."

Mais les critiques à votre endroit portent surtout sur la qualité des livres que vous publiez, jugés sans intérêt et sensationnalistes...

"On a créé un monstre avec moi parce qu'on m'a fermé la porte des subventions. Au Conseil des Arts du Canada, on est jugé par nos pairs. C'est ridicule. Parce que les gens qui sont dans les jurys s'organisent normalement pour se garder 200 000 $ pour eux, et 0 $ pour l'autre. Les baby-boomers qui sont à la tête des maisons d'édition du Québec sont des amis qui se connaissent depuis longtemps. Tout le monde a droit à son morceau de tarte, mais ils ne veulent pas de nouveaux convives. Ils m'ont donc refusé les subventions. Alors, pour arriver à survivre, il a fallu que je fasse des projets commerciaux. S'ils ne m'avaient pas fermé les portes, c'est sûr que les choses auraient été différentes."

Seriez-vous aussi devenu un fonctionnaire?

"Peut-être, mais ce n'est pas dans ma nature, car je suis quelqu'un d'ambitieux. Mais probablement que je n'aurais pas autant eu le couteau entre les dents."

On vous accuse de publier de pâles copies de livres à succès. Votre grosse série de romans jeunesse, Amos Daragon, a été une commande. Vous voulez clairement profiter de la vague Harry Potter...

"Oui, c'est vrai. Quand j'ai vu Harry Potter, je me suis dit: Ça va faire, c'est encore un coup des Anglais. Ça prenait un concurrent. C'est ainsi que j'ai fait Amos Daragon. Mais on a beau avoir le plus grand marketing du monde, ça ne vaut rien si le produit n'est pas bon."

Vous n'êtes pas le chouchou des médias non plus...

"Ils m'attaquent tout le temps. L'an dernier, j'ai été en première position du "Top poche" de Marc Cassivi (chroniqueur à La Presse). Et quand il y a eu l'incident Marie-Pier Côté (le roman de cette jeune auteure, Laura l'Immortelle, s'est avéré être un plagiat), Cassivi en a profité pour dire que j'avais perdu le peu de crédibilité qu'il me restait..."

Même si vous vendez des livres comme de l'eau, j'ai l'impression que vous aimeriez avoir la critique de votre côté...

"Plusieurs journalistes apprécient mon travail. Mais moi, je suis en guerre contre les mange-Canayens. Et l'homme le plus riche du Québec, il s'appelle Paul Desmarais (patron de Power Corporation, propriétaire de La Presse). C'est un mange-Canayen. Marc Cassivi, c'est aussi un mange-Canayen. Je suis en guerre contre les mange-Canayens. Pour ces gens-là, les Québécois sont les porteurs d'eau des anglophones. Pour eux, il faudrait qu'on applaudisse tout ce qui vient des États-Unis et du Canada, et qu'on ne fasse rien. Moi, je pense qu'on est capables de faire les choses bien mieux que les Américains."

Vous entretenez une haine assez virulente envers les Américains et le monde anglophone en général. Pourquoi?

"Je n'aime pas leur culture. Les peuples anglophones sont les plus bornés de l'histoire de l'humanité. La culture anglophone, c'est une culture "rouleau compresseur" qui veut éliminer toutes les autres cultures. Les anglophones ont une mentalité de suprématistes."

Votre jupon souverainiste dépasse un peu. Votre but serait-il de vendre la souveraineté aux Québécois grâce aux livres?

"Oui. Et ma vie serait un échec si on ne faisait pas la souveraineté. Je vais tout faire pour que ça passe. On parle des accommodements raisonnables en ce moment; on va en parler tant et aussi longtemps qu'on n'aura pas fait la souveraineté. Je suis xénophile, je suis pour l'immigration, je suis pour l'ouverture sur le monde, je suis pour un Québec cosmopolite... pourvu que tout le monde parle français."

Selon vous, il y a un complot contre le Québec?

"Ça, c'est sûr. Je vais te donner un exemple. Récemment, il y a un sculpteur de renommée internationale (Alain Aslan) qui a offert à la Ville de Montréal un buste du général de Gaulle. Mais on l'a refusé, parce que, comme on l'a lu dans le roman 1984 de George Orwell, "si tu contrôles le passé, tu contrôles le futur". Donc, les Anglais contrôlent Montréal en ce moment. Et ils ne veulent pas qu'on se souvienne du général de Gaulle et de son "Vive le Québec libre". Gérald Tremblay, c'est la petite marionnette des Anglais. Mais un jour, le maire sera anglophone. Un jour, tout va basculer. Ça s'en vient. Les Anglais se préparent à ça. C'est leur combat de tous les jours..."

C'est tout de même formidable que vous puissiez vous exprimer aussi librement au Québec...

"Il y a une blague qui dit: "Dans le monde communiste, c'est Ta gueule! alors que dans le monde capitaliste, c'est Cause toujours!". On entend peut-être beaucoup parler de Michel Brûlé, mais je pense que je suis plus utile pour le Québec que John James Charest (Jean Charest), dont on entend parler tous les câlisse de jours..."

Michel Brûlé présente sa nouvelle iTélé.
www.lesdentsduquebec.tv


© Steve Proulx 2007 | Texte original paru dans Voir, 4 octobre 2007


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