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Le Podcast Edito Syrie Liban : le G8 s’offusque, Damas frappe !

Publié le 29 mai 2011 par Podcastjournal @Podcast_Journal
PLAN DU SITE Recherche par tags (mots-clés) Recherche d'évènements (agenda) Une réponse claire et sans ambages. Le sanglant attentat -plusieurs soldats grièvement blessés- perpétré contre un convoi italien de la Finul près de la ville de Saïda au sud Liban répond sans ambiguïté au communiqué final déjà bien édulcoré du G8 à propos de la Syrie. Coincé par l’intransigeance récurrente de Moscou dont il fallait rechercher à la fois la neutralité vis-à-vis des frappes de l’Otan sur la Libye et la bienveillance pour la convaincre d’acheter du matériel militaire français, le G8 s’est dit « outré » par la violente répression qui continue de s’abattre sur les manifestants en Syrie. Un temps envisagées, les menaces explicites d’une condamnation par le Conseil de sécurité des Nations unies où circule pourtant un projet de résolution introduit par plusieurs pays occidentaux, ont disparu du document final.

A la lumière des événements, il y a presque une forme d’indécence à se pavaner tout sourire sur les planches de Deauville et accoucher d’une formule aussi précautionneuse et minimaliste Qu’en sera-t-il au G20 de Cannes en novembre ? Le vocabulaire diplomatique permettra-t-il encore de dénicher l’adjectif adéquat ? Au rythme qui consiste à passer de la « consternation » à « l’outrage », on se résignera sans doute au Mi bémol après le Ré dièse ! Indécence aussi à constater que les pays les plus riches et les plus industrialisés de la planète sont incapables de s’entendre et de prévoir une action concertée afin d’amener la Syrie à résipiscence : des ailes de géants qui les empêchent de marcher. Contre ces paroles creuses et embarrassées, la Syrie a frappé au Liban pour montrer les substantiels reliquats de son emprise sécuritaire au pays du cèdre : une manœuvre de diversion à un moment où, de la Tunisie à l’Egypte, les slogans anti-israéliens ne semblent plus faire recette. Même si elle est de nature à confirmer la signature syrienne, la condamnation de l’attaque par les dirigeants du Hezbollah ne doit pas faire illusion: les lourds préparatifs d'une telle opération n'ont pu échapper à son contrôle total du terrain au sud du pays. Comme aucune agression de cette envergure n’avait été enregistrée depuis 2008, celle-ci annonce un tournant -attendu- dans la réaction de l’axe Damas-Téhéran sur la situation régionale. Elle atteste, par surcroît, du sentiment syrien de ne plus être en mesure de tenir la progression du mouvement des insurgés. Et ce, malgré l'aide logistique et humaine des Sepah-e Pasdaran iraniens. Le guet-apens contre les forces de l’ONU s’adresse en outre à Ankara : deux jours auparavant, le Ministre turc des affaires étrangères avait réclamé une « thérapie de choc » permettant à Bachar Al-Assad d’engager son pays dans des réformes qui stabiliseraient son pouvoir.

Plus que jamais, le Liban se situe sur la dangereuse ligne de front entre puissances occidentales et axe du mal: Beyrouth est devenu le Berlin moderne d’une nouvelle guerre froide. Un Yalta civilisationnel s’y dessine : la semaine passée, Jeffrey Feltman, Secrétaire d’Etat adjoint américain aux Affaires du Proche-Orient et Mohammad Rida Chibani, Ministre adjoint des affaires étrangères de la République islamique d’Iran débarquaient à quelques heures d’intervalle au Liban pour des entretiens avec des responsables libanais sous pression. Géographique avec les zones de non-droit strictement réservées au Hezbollah, culturelle avec les anathèmes lancés par le Parti de Dieu contre certaines manifestations festives, la césure politique en l’absence d’un Etat et d’un gouvernement est désormais consommée. Dernier épisode en date, une affaire de réseau téléphonique chinois du même acabit que celui qui avait conduit le Hezbollah à envahir l’aéroport international en mai 2008. Avec, en toile de fond, la guerre larvée que se livrent le service de renseignement des FSI, le seul à ne pas être encore noyauté par les pro-syriens et la milice chiite, et celui de l’armée. Et, au cœur du dossier, la mainmise et la répartition des informations sensibles entre les forces du 14 mars et celles du 8 mars lesquelles pourraient par exemple concerner la situation des cyclistes estoniens enlevés il y a quelques semaines à la frontière libano-syrienne. Un rapt susceptible d’avoir été commandité par des acteurs régionaux -de Al-Qaida au Maghreb Islamique à la Libye- en conflit ouvert avec les Européens.

Quelques heures après cet attentat, le Ministre italien de la défense confirmait la volonté de Rome -principal contributeur avec 1780 hommes contre 1600 pour la France- de réduire l’engagement de son pays au sein de la Finul. C’est exactement ce que souhaitent les factions libanaises et régionales soucieuses de tirer profit d’un vacuum institutionnel et d’un désengagement stratégique dans cette région frontalière avec Israël. En l’espèce, le raisonnement qui vaut pour l’Afghanistan n’est pas très éloigné du scénario libanais.


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