PARTAGE
Anne avait fait un article sur lequel j'avais laissé, un "poécommentaire" et je lui avait suggéré que nous fassions un "dialogue pour le théâtre".
Après avoir fait remonter mon commentaire dans son article, elle a publié une suite que vous pouvez lire ICI avant, après ou pendant (toutes fenêtres ouvertes) avoir lu ma réponse.
Anne a pris la voix de la planche abandonnée, moi celle du courant.
Y aura-t-il une suite à l'histoire ?
Le courant :
Que sais-tu du rêve
Planche brisée
Dédaignée des hommes ?
Que sais-tu des rives inconnues ?
La brindille ?
Morte de soleil
Abandonnée à moi
Rejoindra le limon
pour enrichir la Terre
Ou emportée par un oiseau
Deviendra nid…
L’arbre qui pleure
Et tend les bras
pour me toucher
Sur quoi pleure-t-il ?
Sur le courant qui passe
Sans l’emporter ?
Sur ses feuilles perdues
Venues me retrouver ?
Feuilles perdues de vent
ou de saison
Elles seront
Limon
Au fond du lit de la rivière
Le galet ?
Poli
Transformé
En chemin vers l’esquisse
Cherche l’épure
Pour mieux refléter le soleil
Au fond des eaux
Il roule, se heurte
Se peaufine
Il lui faudra beaucoup de temps
Pour redevenir Terre
Mais il sait la patience
Le bois ?
Tout gonflé d’eau
Fatigué du voyage
Au hasard d’un méandre
Affectionné des herbes
Doucement s’abandonne
Il se transforme
Se désagrège
Se confond à moi
Se dépose à la rive
Il va nourrir la terre
Et fleurir au printemps
Devenu fleur des champs
ou prairie
Planche blessée
Désormais inutile
à ton monde
Tu es venue à moi
Toi l’exclue
Je t’ai bercée
Je te berce encore
Toi la rejetée
Je t’entoure des flots
Entends-tu leurs murmures ?
Ils ne te parlent que de vie
D’expériences
Ils te parlent d’ailleurs
D’un monde inconnu
Où les planches
Ne disparaissent
Que pour renaître
À une vie nouvelle
Une autre forme
Une autre fonction
Ils parlent d’aventure…
La main d’un nécessiteux
La cheminée
La flamme
La cendre
Enfin la Terre ;
La main d’un enfant
Peut-être
Une cabane
Dans un arbre
Loin du sol
Loin de moi
Un cheval fier
Le galop
Entends-tu les rires ?
L’enfant joue
Tout est possible
à qui avance
Sans regarder derrière soi
En confiance
Une chose est certaine
Le bout de ton voyage
C’est la Terre
Car elle est mère
de toute chose.
©Adamante