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Conte de la toile (4)

Publié le 31 mai 2011 par Adamante

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Le conte5 copie

Je suis un peu fâchée ce soir, excédée par la déception que peuvent nous faire ressentir ceux que l’on pensait proches et qui soudain vous rejettent.

Je ne vais pas élucubrer, c’est ainsi, je n’y peux rien.

Alors, j’attrape mon livre de contes, je m’enfonce dans le canapé et le plus téméraire de mes esprits vient aussitôt me rejoindre.

Les autres m’observent de loin.

Ils jouent l’indifférence, font mine de ne pas avoir vu le livre, mais dès que le premier m’aura ramenée à de meilleurs sentiments, et il est doué, ils arriveront à leur tour pour que je leur raconte une histoire.

Cela ne tarde pas, je ne suis pas du style à me complaire dans la souffrance, la vie est bien trop riche pour n’en voir que les mauvais côtés.

À la fenêtre, le vent souffle, les demoiselles Brontë semble-t-il ne sont pas loin, on se croirait en pleine campagne.

Est-ce le souffle du vent ? Le livre s’ouvre seul à une page qui raconte l’époque des foins.

Les herbes grasses, bonnes à couper n’attendent que ces machines modernes, si rapides, si efficaces, pour devenir de grosses et impressionnantes roues blondes entourées d’un film plastique permettant de les laisser sur place quel que soit le temps.

Plus vite

Toujours plus vite

La machine permet d'aller vite

Le plastique permet de gagner du temps

Il est si précieux le temps

Mais où vont-ils si vite

Ceux qui font les foins

Sur leurs grosses machines bruyantes ?

À quoi leur sert-il ce précieux temps gagné ?

Qu’en font-ils ?

Mystère…

Cela nous laisse songeurs les esprits et moi.

Il y a tant de belles choses à voir lorsque l’on prend le temps.

La vie des hommes est-elle en harmonie avec la vitesse ?

Cette question s’envole dans l’espace, sans réponse, elle erre…

Je feuillette machinalement quelques pages, mais une patte m’arrête,

« celle –ci ! »

Une demoiselle de la nuit,

Mains dans le dos, me regarde

La lune au loin l’accompagne

Des ombres bougent autour d’elle

Quel est votre secret

Demoiselle de la nuit

Que faites-vous ici à attendre

Seule parmi ces fantômes mouvants

Êtes-vous Dulcinée

Attendant que son amant la rejoigne ?

Allongé à vos pieds

N’est-ce pas Don Quichotte

Épée en main

Qui se dessine ?

Près de vous

Demoiselle de la nuit

Dans ce fouillis de formes généreuses

Un lutin

Couleur terre

Penché vers une rose

Semble chanter l’amour

Est-il bleu quand la nuit s’éteint ?

Un silence, une main qui glisse, quelques pages qui passent, un esprit qui s’inquiète :

« tu ne vas tout même pas laisser se refermer le livre ? »

Pardon, je rêvais. Je rêvais  d’une rose

Une rose à peine esquissée

Sortie d'une écorce de rêve

Veinée de rouille

Avec juste un reflet de lune

Sur le fond vert de la forêt

Une rose rouge

Comme l'amour

Rouge comme un baiser

Une rose, telle que peut-être,

Un Lutin bleu  la voyait

Et voilà que la page me raconte la mer, toute bleue elle aussi

Un voilier

Coque verte

Une voile bleue sur bleu

Une baie qui reflète

Une bourgade

Tout en couleurs

Un ciel qui danse

En bleu et blanc

Nous sommes au pays du soleil

C’est gai

C’est frais

Tout simplement

La page suivante s’impose.

Des chemins

Rien que des chemins

Chemin des bois

Verdoyant et léger

Parfumé de girolles

Chemins de brume

Vibrante de soleil

Où se cachent les rêves

Chemin des fées

Ondoyant dans les herbes

Y croise-t-on Merlin

Quand vient le crépuscule ?

Enfin

Chemin qui finit

Devant une clôture

Ici s’arrête le voyage.

Tout est si doux ce soir

Il faut profiter de l’instant.

Mais il est tard déjà…

Je ferme le livre

Je tire les rideaux

Il est grand temps d’aller dormir.

©Adamante


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