Éducateur spécialisé, ce métier incompris

Je ne l’ai peut être pas assez répéter mais je vais devenir éducateur spécialisé. Vous connaissez ce métier ? Non ? Si, rappelez vous, comme Pascal le grand frère, mais en plus petit. Vous voyez ?

J’ai toujours présenter mon futur métier avec beaucoup de fierté. Je dis futur puisque je ne suis qu’étudiant au jour où j’écris mon billet quotidien. En formation, on m’apprend à déconstruire mes représentations et à regarder ce qui m’entoure avec un regard neuf. Mais je ne pensais pas avoir à lutter pour changer les représentations que se fait un individu lambda sur mon métier. Voici en général le genre de discussion que je tiens avec une ce genre de personne qui me qui me questionne au sujet de mon futur métier.

- Que faites vous dans la vie ?

- Je suis étudiant. Je suis mes études (ou poursuis, selon le retard que j’accumule dans mes écrits à rendre) pour devenir éducateur spécialisé.

- Ah ! s’étonne faussement mon interlocuteur. Mais spécialisé en quoi ?

- Et bien, pour la faire courte, en principe ce métier est destiné à créer des liens entre la société et toute personne en manque d’intégration.

- Ah ouais, je vois… Comme les handicapés par exemple.

- Heu oui… Comme les personnes atteint d’un handicap physique et/ou mental, mais…

- Ah ouais, je vois parce que j’ai une voisine qui est handicapée. Ben au fait elle est presque comme nous. Tout le monde les voit comme des monstres mais en fait ce n’est pas tout à fait ça.

- A vrai dire ce n’est pas ça du tout… Ce sont des personnes comme vous et moi sauf que celles-ci doivent avancer dans la vie de tous les jours avec un handicap… Ce sont des personnes qui ont un handicap, et pas des handicapés…

- Ok, en tout cas, moi je ne pourrai jamais faire le métier que vous faites. Je ne saurai pas comment réagir avec eux… Mais c’est bien c’est un beau métier, il faut beaucoup de courage pour le faire.

En général, déjà à ce niveau de la conversation, je commence à regarder ma montre. Mais bon ne suis-je pas censé lutter pour changer les représentations de ces individus afin d’aider au mieux l’intégration des personnes qui font que mon métier existe? En général, tout ceci se solde par un échec. Et tout le blabla débiter vainement pendant une demi-heure n’aura réussi qu’à nourrir ma frustration face à celui-ci. Mais finalement quand je repense à l’angoisse qui m’est monté peu avant le début de mon stage en foyer de vie, je peux comprendre les fausses représentations de ces personnes. Au final, rien ne vaut l’expérience vécut, et je doute qu’un jour je trouverai les mots magiques afin de convaincre le monde qui m’entoure que la première qualité requise pour faire le métier d’éducateur spécialisé n’est pas le courage.