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Jean-Marc Sourdillon(découvert dans Arpa 97)

Publié le 01 juin 2011 par Lauravanelcoytte

 Les Tourterelles

http://terresdefemmes.blogs.com/mon_weblog/2008/04/jean-m...   Jean-Marc Sourdillon, Les Tourterelles,
La Dame d’Onze Heures, Isabelle Raviolo Éditions, 2008

Partition_onirique

Ph., G.AdC


GÉNIA, LA VOIX DE LA TOURTERELLE
  Poème en prose ou récit en prose poétique, Les Tourterelles de Jean-Marc Sourdillon rendent le poète à un autre temps. Un temps d’avant, temps de l’écoute qui seul permet de nouer « la merveille cachée » de la rencontre du poète avec l’oiseau. Car c’est bien d’une rencontre à laquelle nous convie la partition onirique de Jean-Marc Sourdillon. Il suffit pour cela de suivre l’oiseau arrivé parmi les vivants et les morts et d’écouter son chant de gorge. Enroulée dans l’orage des Cévennes dont elle suit les roulements, la tourterelle arrive jusqu’à l’églantier, jusqu’au cimetière du village, ceint de murets, jusqu’à la vieille dame qui y repose depuis peu, jusqu’au poète lui-même qui en accueille les notes et se laisse guider par les images qu’elles lui inspirent. Car la tourterelle délivre de ses doutes et de ses inquiétudes celui qui prend la peine de tendre l’oreille à son chant. Elle murmure pour lui « la parole non dite d’un amour qu’on ne sait pas », ramène à lui « une forme d’amour qui s’est perdue ». De son aile, elle lui révèle la vraie blessure, « l’origine de la douleur ».
« Toute distance est un chemin à parcourir.
Toute douleur, une distance à découvrir. »

  Ainsi, sous la voix de la vieille dame (la philosophe et poète espagnole Maria Zambrano) qui murmure des fragments de poèmes, « trace » ou « preuve d’une autre respiration »
Los ojos deseados
que tengo en mis entranas dibujados !
Apàrtalos, amado
que voy de vuelo !

se cache celle de l’éternelle jeune fille qui n’a « jamais cessé de naître ». C’est que la tourterelle contient dans son vol et jusque dans son chant l’origine et la fin de toute chose. Elle est la voix antique de Génia, la jeune fille sacrifiée dans l’amour unique de son père, immortalisée par lui. Iphigénie.
« Te voilà.
Ta voix ― est-ce bien toi ? ― je l’entends, je crois l’entendre dans ma voix. »

  Préfacé par Philippe Jaccottet ― « À l’écoute d’un oiseau » ―, le recueil poétique Les Tourterelles de Jean-Marc Sourdillon a été édité en 2008 aux Éditions La Dame d’Onze Heures. Avec des Encres d’Isabelle Raviolo.


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