Dans ce café parisien, assise à une table collée à la baie vitrée, je suis dans ton attente.
Je n’arrive à me concentrer sur rien. Je laisse simplement mon regard errer sur les passants illuminés par un soleil matinal. Ils courent vers une vie qui les attend alors que la mienne semble s’être arrêtée. Autour de moi règne une certaine agitation mais rien ne réussit à m’extirper de ma bulle. Elle me protège et me murmure que bientôt ta silhouette apparaîtra au coin de la rue. Un deuxième café vient remplacer le premier avalé à petites gorgées. Je ne me souviens plus d’en avoir commandé un autre. J’ai surpris le regard du garçon, triste, compatissant, à moins qu’il ne s’agisse de pitié… Un instant j’en suis troublée, mais déjà je l’oublie pour me concentrer à l’essentiel : Toi.
À chaque fois tu fais ce même geste à travers la vitre : le bout de tes doigts qui tapotent, et nos yeux qui se croisent alors dans un sourire.
Cette table est la nôtre, depuis si longtemps déjà… Combien de cafés avons-nous avalé à cette même place ? Combien de gestes échangés ? Une infinité, comme ce vide interminable qui me saisit quand je réalise que tout cela n’aura plus jamais lieu, que ce qui a existé ne sera plus.
Avec délicatesse quelqu’un m’aide à me relever. Je connais ce visage mais y mettre un nom m’est impossible. Je sais simplement que ce sourire affectueux me rassure et que cette voix m’apaise : « Il est temps de rentrer maintenant. »
Deux béquilles aident chacun de mes pas hésitants, et c’est toujours dans cet effort que me revient cette image : ton corps inerte écrasé sur le tableau de bord et ma douleur dans un cri inhumain.
Tu ne reviendras plus…
MLB