« Poésie d’un jour
Le 2 juin 1931 naît à Belgrade Jacques Garelli. Originaire de Valle d’Alesani (E Valli d’Alisgiani), en Haute-Corse, le poète vient de publier aux éditions José Corti Fulgurations de l’être.
À l’occasion du 80e anniversaire du poète, Jacques Fusina, traducteur paisanu du village voisin, a traduit en corse deux poèmes extraits de ce dernier recueil, traduction que nous mettons en ligne ci-dessous.
CHOIX DU POÈTE
Saisi du destin emprunté à une planète, sans plus revêtir son manteau d’écailles, il s’obstine à creuser l’amorce d’une pensée, qui a mis, sous boisseau, les couleurs dévolues à la patience des herbages, pour tenter à l’aveugle une marche sans balancier, dont l’enjeu, pour toute attente, ne tient qu’à un fil.
Résonance d’une musique puisant ses sortilèges dans l’écho traversé de nul pourtour, partage nuancé, où le vide incombe à un geste unique, dont l’appel raye l’aurore, qui ourlait le jour.
Jacques Garelli, Fulgurations de l’être, José Corti, 2011, page 46.
SCELTA DI U POETA
Pigliatu da u destinu prestaticciu d’una pianeta, senza sciaccassi più u so mantellu squamosu, s’intesta à scavà l’allusinga d’un pensamentu, chì hà nascostu, affattu, i culori tuccati à a pacenzia di l’erbaghji, da pruvà à pasponi di viaghjà senza bilancinu, chì u pegnu, in fin d’attesa, tene à un filu solu.
Intronu d’una musica chì attinghje e so macanzie in u ribombu da nisun attondu trapanatu, spartera variulata, duve u viotu tocca à un gestu unicu, chì a so chjama zifra l’aurora, ella chì facia l’orlu à u ghjornu.
Traduction inédite de Jacques Fusina
CHIASMES SAUVAGES
Figuiers de barbarie assaillis de guêpes, qui abandonnent leur suc aux insectes de saison, le temps, sans un regard, peut-on dire qu’il passe et que les feuilles résistent aux rafales de Novembre, dans l’attente millénaire des nouveaux rayons ?
Cela s’est dit, pour sûr. Il faut et j’en passe. Buissons d’écailles, couteaux taillés à demi-chevaux. Ils vibrent dans le silence, tels des spasmes. Réseaux entrecroisés sous l’ombre d’un talisman.
Jacques Garelli, Fulgurations de l’être, José Corti, 2011, page 48.
INCRUCICHJATE SALVATICHE
Fichi indiani assaltati da e vespe, chì lascianu u so suchju à l’insetti di stagione, u tempu, senza mancu un sguardu, si purrà dì ch’ellu passa è chì e fronde resistenu à e raffiche di nuvembre, in attesa millenne di e spire nove ?
Si hè detta quessa, benintesa. Ci vole è ne lasciu. Prunaghji squamosi, curtelle tagliate à mezi cavalli. Trizineghjanu in u silenziu, cum’è spasimi. Rete intricciate sottu à l’ombra d’un talismanu.
Traduction inédite de Jacques Fusina
JACQUES GARELLI
Source : le site José Corti
■ Jacques Garelli
sur Terres de femmes ▼
→ Démesure de la poésie (+ bio-bibliographie)
→ Fulgurations de l’être
■ Voir aussi ▼
→ (sur le site de José Corti) la fiche de l’éditeur sur Fulgurations de l’être
→ le site Jacques Garelli mis en ligne par Thierry Leterre
→ (sur Terres de femmes) Yves Charnet | Difficile séjour (texte dédié à Jacques Garelli)
■ Jacques Fusina
sur Terres de femmes ▼
→ Écrire en corse
→ Les mots apprivoisés
→ Libazioni di sangue | Libations de sang (Angèle Paoli) [Une traduction inédite de Jacques Fusina]
Retour au répertoire de juin 2011
Retour à l’ index de l'éphéméride culturelle
Retour à l’ index des auteurs