Magazine Journal intime

Traîne

Publié le 03 juin 2011 par Thywanek
Un lent creux de repos faible contre un rocher,
Un soir et noire sa marée montant au loin,
Une hauteur de temps de son cours détachée,
Ouvert aux vents fatigués, un calme besoin.
Une latente intrigue tendue après soi,
Des remous qui sans bruits, dans la plaine passée,
Par des brèches mimant des visages sans voix,
Du lit froid des rivières aux berges glacées,
Au retour de regard font de toute existence
Un pays dépecé où il n’est plus de preuve
De l’avoir traversé que la frileuse instance
Des témoins travestis et grimés qui s’y meuvent.
Ils ont la hanche étroite et la tête masquée
Sous des porches poudreux menant aux catacombes,
Et cherchaient du mystère aux sucs alambiqués
Jouant de leur bravade accroupis sur des tombes.
Ils enjambaient le monde en dansant des parades
Fiers comme des drapeaux fleuris gueules rebelles,
Agonisant déjà l’éphémère ambassade
Que leur furtive mort offraient aux éternelles.
Et souvent s’engonçant d’un rôle trop précoce
Ils tiennent sans raison, serrées entre leurs côtes,
Des grinçantes fureurs de misérables gosses
Coupables insensés d’une incurable faute.
Ils ont mine pendante à la brûlante haleine,
La mâchoire énervée s’extirpant des charniers.
Le fusil à la main ils braillaient des rengaines
Crachant entre leur dents le sort des prisonniers.
Ils dorment sous le ciel, nus d’une blanche peau,
Un spasme régulier dans leur cœur tributaire,
Ainsi que la pesante goutte d’un fardeau
Qui achève sans fin sa chute pendulaire.
Et comme des séchoirs de trames élimées,
Reliques pantelantes aux pourpres défaites,
Il bruisse au dessus d’eux, d’amour inanimées,
Des pages au destin resté vierge soustraites.
Glissantes des épaules en incandescences,
Cela luit par caprice au gré des éclairages,
Ondoyantes jetées révélant leur présence,
D’un hasard débrayé sur un point de hallage.
C’est tout ce qui se traîne accroché à la nuque,
Par le chemin couvert jusqu’à ses lassitudes,
Entre soi contemplant des doublures caduques
Et le sacre abdiqué d’une prime hébétude.
Et tous autres parmi ce multiple du seul
Ne sont plus que les traces qui s’en est gardé.
Imprécises bien plus souvent qu’elles ne veulent,
Dont le vertige tient du viatique fardé.
Lors peuvent dresser là sous des airs de château
Des fastes abusés leurs terribles visions,
Si pour finir en vain sous un noir chapiteau
Il se préfère encore enivré d’illusion.
Lors peut le mouvement sur cet immense étal,
Dernier regard tourné, fondant dans la muraille,
Convaincre le passant en son lent creux létal
Que s’échappe pourtant quelque chose qui vaille.
Et du geste fuyant d’une main transparente,
Le laisser caresser dans un remord paisible
Le pays familier des siècles de l’attente,
S’en allant devenir de nouveau insensible.

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