Ah, il y en aurait, des choses à dire, en ce moment. On pourrait épiloguer sans fin sur la grandeur et la décadence de l'homme, on pourrait évoquer la chute d'Icare, parler d'un tournant de notre civilisation, employer des termes comme prise (ou crise) de conscience. Certains ont défendu aveuglément un DSK que les Etats-Unis ont sciemment assassiné politiquement et publiquement, d'autres comme Audrey Pulvar ont crié implicitement à l'oubli de la victime présumée, en fustigeant un "microcosme politico-journalistico-intellectuel parisien", ce à quoi Jean-Michel Apathie, tout aussi respectable que sa consoeur, a répliqué que les propos d'Audrey Pulvar correspondaient à "n'importe quoi", parlant d'un "microcosme" défini à la truelle par un poujadisme de bazar qui oppose ce foutu "microcosme" au "peuple".
On a vu des gens tout aussi respectables, comme Robert Badinter ou Jean-François Kahn, se prendre plus ou moins (plutôt plus pour Jean-François Kahn, qui met fin à sa carrière sur ce désastreux "troussage de domestique") les pieds dans le tapis sur cette affaire.
BHL, toujours aussi navrant, Giselle Halimi... Jusqu'à Harlem Désir, qui a repoussé jusqu'aux confins de la galaxie les frontières du ridicule, en appelant Nicolas Sarkozy a intervenir en faveur de DSK, démontrant ainsi, outre l'incongruité de sa demande, sa totale méconnaissance du sytème judiciaire américain, parce qu'aux Etats-Unis, qu'on aime ou pas le principe, le pouvoir politique n'intervient jamais dans les affaires judiciaires, et que si Barack Obama, qui ne s'est pas exprimé sur l'affaire, l'avait fait, il aurait aussitôt suscité un véritable tollé dans tout le pays. A sa décharge, il y a un mois, personne n'avait jamais entendu parler du "Perp walk", sorte de version moderne du goudron et des plumes de nos bon vieux westerns.
Et puis on a fini par nous dire que tout le monde savait. Alors du coup, ça a jeté un froid. Parce que si tout le monde savait, pourquoi personne n'a rien dit ? On nous avait présenté l'image d'un DSK dragueur, amateur de femmes, et c'est une chose plutôt bien vue en France. Il était le présidentiable idéal, le favori, il aimait bien les femmes ? La belle affaire ! On a toujours bien aimé les femmes, en France. Les petites femmes de Paris.
Et tout à coup, on nous dit qu'on savait. On savait qu'il était borderline. On nous parle d'un Benoit Hamon demandant à ce que DSK soit en permanence surveillé par des gardes du corps, craignant qu'il "n'explose en plein vol". On nous parle d'un Nicolas Sarkozy qui l'avait averti que là-bas, ce n'est pas comme ici, ils ne rigolent pas avec le sexe.
On nous parle d'une Mme Tristane Banon, qui aurait été agressée par DSK en 2002. On nous ressort des cadavres des placards.
C'est une ancienne collaboratrice qui confirme qu'il était entreprenant, c'est une actrice de X qui affirme qu'il était tendre et gentil...
Je n'étais pas dans cette suite, j'ignore ce qui s'est passé dans cette suite, et je crois que le plus important n'est pas ce qui s'est passé dans cette suite. Le plus important et le plus grave, c'est ce qui se passe maintenant. Les gens découvrent qu'on s'apprétait à leur vendre un futur Président qui ne correspondait peut-être pas du tout à l'image qu'ils avaient de lui. Et ce n'est pas la gauche qui est responsable, puisque visiblement, tout le monde savait. C'est toute la classe politique qui s'apprêtait à enfumer les électeurs.
Aujourd'hui, après le tsunami DSK (pardon pour l'analogie de comptoir), le coeur de la centrale politique est entré en fusion. Les langues se délient. Georges Tron, intouchable il y a un mois, et qui aurait fait taire ses deux accusatrices d'un seul coup de téléphone, démissionne en trois jours. Et ce n'est pas fini pour lui.
Luc Ferry accuse carrément un ancien ministre de la république, d'avoir été impliqué dans des parties fines avec des petits garçons, au Maroc, et de s'être fait "poisser" par la police marocaine. "Poisser", dans mon esprit, est un mot qui signifie "manque de chance". Je le trouve extrèmement déplacé, s'agissant de pédophilie.
Et demain, nous révèlera-t-on que tout le monde connait le père de l'enfant de Rachida Dati ? Apprendra-t-on où, comment, et dans quelle position Nicolas Sarkozy a fait un enfant à Carla Bruni ?
Nous dévoilera-t-on les turpitudes de Frédéric Mitterrand ? Ah non, ça c'est déjà fait, par l'intéressé lui-même, ce qui ne l'a pas empêché d'être nommé au gouvernement. N'est-ce pas là, au fond, le symbole même du pourrissement de nos politiques ? Que Frédéric Mitterrand soit ministre de la république ?
Vivrait-on dans un pays de chacals ?
Quoi qu'il en soit, ça ne va pas être simple de draguer, au 21ème siècle... Et il est probable que la campagne présidentielle de 2012 ne va pas être des plus ragoutantes. DSK avait prédit qu'elle serait "sale", ignorant qu'il serait le premier à se faire flinguer.
Et pendant que tout ce petit monde macère dans son jus vicié en s'enfilant joyeusement dans des grandes partouzes mondaines, pendant qu'on nous cache des faits "connus dans tout Paris" (Marine Le Pen s'était pourtant bien gardée, comme les autres, de parler de quoi que ce soit avant que DSK ne tombe aux Etats-Unis, elle était complice comme les autres), pendant ce temps-là, sur qui l'Etat tape-t-il ? Qui est désigné du doigt par le gouvernement, qui estime indispensable de prendre immédiatement une mesure forte de répression sévère ?
Les ministres qui vivent aux frais de la république ? Les députés qui ne siègent que lorsqu'il sont obligés de le faire, sinon ils ne touchent pas leurs indemnités ? Les 1000 français les plus riches qui ont vu leurs revenus littéralement exploser, à tel point que la plupart d'entre eux ignore combien ils ont d'argent exactement ?
Vous n'y êtes pas, les fautifs, ceux qu'il convient de punir, ce sont les responsables de la hausse de la mortalité sur les routes.
Vous, comme moi, pensiez que c'était le beau temps exceptionnel, qui a poussé massivement les gens à se déplacer pour partir en we, beaucoup plus que l'année dernière à la même époque, qui avait fait statistiquement monter le nombre d'accidents, et donc le nombre de tués, n'est-ce pas ?
Eh bien non, la faute en revient aux avertisseurs de radars. Alors, un avertisseur de radar, qu'est-ce que c'est ?
Si vous écoutez Claude Guéant, c'est un appareil qui sert à se mettre hors la loi en roulant à 180 là où il n'y a pas de radars déclarés, et c'est à cause de ces appareils (et des panneaux avertisseurs de radars) qu'il y a des morts.
Si vous écoutez l'AFFTAC, l'association regroupant les fabricants d'avertisseurs de radar, ce sont des "appareils d'aide à la conduite".
Et si vous m'écoutez moi, qui en possède 2 de marque différente, l'un matériel, l'autre logiciel, c'est tout simplement un appareil qui me permet de ne pas me faire flasher à 133 pour 130 comme cela m'est encore arrivé récemment, et donc de conserver mon permis de conduire, qui est également mon permis de travailler. En l'absence de régulateur de vitesse, il faut une demi-seconde pour passer de 134 chrono (vitesse retenue 129) à 136 chrono (vitesse retenue 131).
En une demi seconde, vous avez perdu 45 euros et 1 point. Faites 20000 kilomètres dans l'année, faites-vous avoir 12 fois par un radar non signalé, vous êtes au chômage. Il faut rappeler que 80% des infractions constatées à la limitation de vitesse sont inférieures à 10 km/h.
Pourtant, le gouvernement est formel : zéro tolérance, zéro avertissement. Pas le droit à l'erreur, quand on est un ministre du budget on peut se permettre de tenir aussi les cordons de la bourse du parti politique présidentiel, mais quand on est un automobiliste, on n'a AUCUN droit à l'erreur.
Petite fiction :
Il fallait s’y attendre.
L’association « victimes dans la cuisine » a demandé au Premier Ministre de prendre des mesures rapidement sur le sujet des accidents domestiques .
Il suffit de voir ce graphique pour se rendre compte du carnage.
5 fois plus de morts dans les accidents domestique que sur la route.
La réaction du gouvernement ne s’est pas faite attendre.
Première mesure : Création d’une nouvelle taxe sur les produits javellisés.
Deuxième mesure : Suppression des étiquettes
sur les flacons.Troisième mesure : Interdiction aux usagers d’utiliser des systèmes de sécurité sur les portes de placard.
C'est totalement absurde, n'est-ce pas ? Eh bien c'est exactement ce que veut mettre en place le gouvernement.
Pendant ce temps-là, les petites partouzes entre amis continuent chez ces messieurs qui nous gouvernent, et qui ont des chauffeurs ou des avions pour se déplacer.
L'insurrection finira-t-elle par venir ? Jusqu'où pourront-ils aller trop loin ?