Rencontre quotidienne en fin de journée au café de la résistance à Bizerte...Un café filtre sans sucre et mon ami Hamda, l’instit, membre du front progressiste de Bizerte de me tendre ces deux pages bleuis:
Front progressiste de Bizerte
Portraits (subjectifs) des initiateurs
Rifaat : Son allure de notaire de province trahit une grande boulimie de travail. Curieux de tout. Du dernier succès de librairie aux damnés de Kef Abed, en passant par les éclaboussures de l’affaire DSK sur le paysage politique français. Gouailleur. Bavard comme une pie. A du mal à arrondir les angles.
Samira : Une vraie force tranquille. Incarne la fibre sociale du groupe. Ses responsabilités syndicales lui ont greffé le sens de la synthèse. N’intervient que quand il le faut. Avec un ton toujours monocorde. N’hésite jamais quand il s’agit de battre le pavé.
Mohamed : Le fumeur invétéré agace par son impassibilité proverbiale. La flicaille de Zaba en sait quelque chose. Ses armes : Une patience sisyphienne et une probité morale érigée en vertu cardinale de l’action politique. Indispensable pour sa maestria en matière de logistique.
Saïda : Faut pas se fier à ses manières bourgeoises. Son long compagnonnage du mouvement féministe n’a entamé en rien sa fidélité aux thèses de la gauche estudiantine de la grande époque. Slalomant sur deux fronts, en plus d’un horaire de travail bordélique, elle s’en sort finalement pas trop mal.
Ali : A transformé une carcasse rabougrie en une boule d’énergie. Caractère de cochon. Intransigeant quand il s’agit de laïcité. Sait se montrer quelque fois doux. Quelques convictions authentiquement de gauche chevillées au corps. La nicotine et le café noir constituent son kérosène.
Fethia : Son maître mot : Le terrain. Femme de caractère. Piaffe d’en découdre avec la peste brune. Sa passion pour la chose publique rend supportable son impétueux franc-parler.
Kamel : Le verbe élégant. Toujours posé. Défend ses idées avec un flegme tout britannique. Insuffle aux autres sa haine du fascisme vert. Sa timidité a condamné sa parole à être rare. Et à fuir les tribunes.
Ridha : Très politique. Son ancrage idéologique frise le sectarisme désuet. Affable, toujours souriant, il étale sa profonde connaissance des chapelles de la gauche tunisienne avec une gestuelle très méditerranéenne.
Hamda : Trimballe des wagons de névroses qu’il noie dans le tabac de contre-bande. Plus polémiste que politique. Indigné par la frilosité des forces du progrès. Sa proximité (littéraire) avec Céline et Bukowski malmène le soupçon de sociabilité qu’il a.