En arrivant du boulot, mon idée était faite : je sors danser… en solo. Ce soir, j’affronte mes peurs, ma gêne et tout le bataclan qui vient avec l’idée de fouler une vraie piste de danse. Ce n’est pas vrai que j’allais finir ma journée tout en étant conscient d’avoir identifié un manque de confiance envers mes capacités. De toute façon, je ne vais pas renvoyer aux calendes grecques tout ce que j’ai investi depuis septembre pour apprendre à bouger mes fesses sur le rythme. Je suis capable. J’y vais. Point final.
Je l’entendais l’enfant en moi, celui auquel on a souvent dit qu’il ne pouvait rien faire parce que… parce qu’on n’avait pas confiance en moi voilà tout. L’enfant en moi me criait de ne pas y aller, de rester caché à la maison et de pitonner sur l’ordinateur parce que là, personne ne me voit. Je ne risque rien. C’est la sécurité assurée.
Sauf que j’ai cette capacité d’éteindre l’interrupteur de ma voix intérieure, mon Diabolus. C’est moi qui décide, pas elle. C’est à moi de foncer, d’affronter et de vaincre ces fausses limites…
Oh, lorsque je me suis stationné, je suis resté de longues minutes à écouter la radio et me battre avec mon Diabolus qui me suppliait de retourner à la maison. « Qu’est-ce que je fais ici ? Il n’y a pas de quoi à regarder à la télévision ? » Je suis sorti de l’auto, je me suis rendu au club, j’ai payé mon entrée, mis mes souliers de danse et je suis entré dans la salle. Je venais de vaincre une première limite.
Je me sentais assez seul de ma gang et j’ai mis une quinzaine de minutes avant de me lever et aller voir un petit groupe de trois jeunes femmes qui espéraient sur leur banquette. Elles étaient débutantes ! J’ai pris tout mon temps pour les guider, dansant au moins cinq ou six musiques avec chacune d’elles. C’est lorsque j’eus fini de les faire danser toutes que j’ai remarqué la présence des gens qui apprennent avec moi, dans mes cours du mercredi. J’ai dansé avec mes collègues étudiantes le restant de la soirée ; je ne me suis pas forcé à aller chercher des inconnues.
J’ai brisé la glace de la salsafolie. Depuis juillet dernier que j’en rêvais. Je ne suis pas dupe, j’ai beaucoup de croûtes à manger avant d’être aussi bon que ce que j’ai vu ce soir. Et, il me reste de la confiance en moi à acquérir avant d’aller demander à n’importe quelles femmes de venir danser avec moi. J’ai déjà fait un bout de chemin dans le bon sens mais à mes yeux, ce n’est pas encore suffisant.
En terminant, ça m’a fait du bien de donner congé à mon cerveau et à mes questions existentielles.