Michel Serres, Le mal propre, Polluer pour s’approprier? Editions Le Pommier, extrait 1

Publié le 05 juin 2011 par Xavierlaine081

Comme un chien pisse et aboie, comme un rossignol chante, comme un cerf brame, un éléphant barrit… un chasseur sonne du cor, un vil dragueur siffle une femme… un fabricant répand ses produits et crie dans le plus de volume possible la publicité de leur excellence prétendue. Chacun s'expanse dans l'espace. Ils pissent dans la piscine. Même le fumeur, même l'adolescent amateur du tintamarre émané de son deux-roues… crient la même affirmation de soi dans le volume ainsi envahi de volutes et de sons: ego, ego, pète la moto de l'ado, révolté obéissant, puisque imitant servilement les proprios de son espace et de son temps, télé, pub et radio. Ses pets sortent d'un pot dit d'échappement, tout aussi bien nommé, je l'ai dit, que le fondement naturel ou, des vestales, la porte stercoraire. Innondé de pub, qui, assourdi, ne voit un anus dans le baffle d'un haut-parleur?