Magazine Journal intime

(something about getting stronger)

Publié le 06 juin 2011 par M.
Du coup je repensais à tous ces mecs que j'avais fait monter pour mieux les mépriser après et je sentais les griffes sales de quelque chose me racler le fond de la gorge, et cette même excroissance houleuse enfler dans mes poumons jusqu'à les noyer, j'y pensais parce que je venais d'avouer que, ok, en vérité, j'avais fait une exception, et il fallait bien que j'admette, puisque je le disais et que les paroles font la réalité, que ça n'avait été ni insurmontable, ni douloureux. C'était comme si j'avais rompu un pacte secret, ça sonnait comme un crime, avec ce même goût dégueulasse sur la langue. L'histoire veut qu'ensuite, il y eut beaucoup de marches solitaires dans des nuits pluvieuses, beaucoup de reflets indifférents et de bulles éclatées dans les flaques, et des minutes, qu'on ne peut pas qualifier d'heures mais de très longues minutes, très lentes, sourdement rythmées, arbitrairement intimes, à traîner des pieds sur le goudron de la ville déserte et puis autant de ce faux silence qui y règne, jusqu'à ce que je comprenne, ou juste que j'avoue, que j'étais cachée confortablement derrière ce mensonge disant : je ne peux pas faire autrement. C'était la vérité, un jour, il n'y a pas si longtemps je n'ai pas si vite oublié, évidemment, mais ça a convulsé jusqu'à crever, les crocs entrouverts sur le vide. Un samedi je crois. Peut être qu'il n'y a plus de vengeance, et que j'ai marché suffisamment loin pour que les hyènes se soient lassées. Je suis en train de changer, encore, en fait c'est tout sauf un évènement, c'est un état quasi-permanent j'ai toujours marché sur la ligne, je suis du camp de la frontière et je longe les bords, disons jusqu'au jour où je tomberai dans l'infini, je n'ai jamais pu me résoudre à choisir un côté ça me ressemblerait si peu, je suis inachevée, bien sûr, transitoire, mais je suis là quand même, j'ai encore du mal à le traduire, mais je le comprends très bien. Pour l'instant, je ne dors pas mieux la nuit mais il y a cette nouvelle enclave paisible et je n'ai plus besoin de me déshabiller mécaniquement, je n'ai plus envie de repasser sur les autres le même chiffon souillé, impossible à laver, je sens de moins en moins sur ma peau l'empreinte du vernis crasseux laissé par l'innommable. J'espère bien qu'il s'est usé jusqu'à disparaître. Parce que ça ferait de l'univers quelque chose de terriblement moins con que ce que j'ai pu penser.

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