Marie-Aude Murail
Ecole des Loisirs
Collection Médium
Paru en 2004
205 pages
10,50 euros
Roman ados dès 12 ans
Thèmes : Différence, Fraternité, Handicap mental
Quatrième de couverture :Simple dit " oh, oh, vilain mot " quand Kléber, son frère, jure et peste. Il dit " j'aime personne, ici " quand il n'aime personne, ici. Il sait compter à toute vitesse : 7, 9, 12, B, mille, cent. Il joue avec des Playmobil, et les beaud'hommes cachés dans les téphélones, les réveils et les feux rouges. Il a trois ans et vingt-deux ans. Vingt-deux d'âge civil. Trois d'âge mental. Kléber, lui, est en terminale, il est très très courageux et très très fatigué de s'occuper de Simple. Simple a un autre ami que son frère. C'est Monsieur Pinpin, un lapin en peluche. Monsieur Pinpin est son allié, à la vie à la mort. Il va tuer Malicroix, l'institution pour débiles où le père de Simple a voulu l'enfermer, où Simple a failli mourir de chagrin. Monsieur Pinpin, dans ces cas-là, il pète la gueule. Rien n'est simple, non, dans la vie de Simple et Kléber. Mais le jour où Kléber a l'idée d'habiter en colocation avec des étudiants, trois garçons et une fille, pour sauver Simple de Malicroix, alors là, tout devient compliqué.
Kléber Maluri, tout juste 17 ans, s'apprête à rentrer en Terminale au lycée Henri IV à Paris. Une démarche d'inscription, certes tout à fait banale mais qui tient de la prouesse pour Kléber puisqu'il a décidé de prendre en charge son grand-frère, Barnabé, déficient mental. Le père des deux garçons s'est remarié et attend un enfant. Il a placé Barnabé à Malicroix, un institut spécialisé mais cela a été une expérience traumatisante : « Simple était déficient mental, mais à Malicroix ils l’ont rendu fou ». Alors Kléber a pris son courage a deux mains et cherche un logement pour lui et son frère. Mais Barnabé, 22 ans, avec un QI d'un enfant de 3 ans ne tient pas en place et n'a pas sa langue dans sa poche. Il n'hésite pas à dire à la vieille tante qu'elle pue ou à demander naïvement aux filles si elles ont une queue ! Pas facile donc de trouver un logement après de nombreuses tentatives pour essayer de cacher l'handicap de Barnabé. Mais Kléber réussit à trouver une colocation d'étudiants en médecine. Il y a Emmanuel et Aria, puis Corentin, le frère d'Aria et l'admirateur éperdu de la belle : Enzo, fou jaloux d'Emmanuel. Tout ce petit monde essaye d'accueillir Simple avec le moins d'a priori possible...
J'ai beaucoup aimé cette histoire de fraternité/ parentalité entre Kléber et Barnabé qui n'est pas sans nous rappeler le couple Bart-Siméon dans Oh boy!. Kléber mène un combat peu ordinaire et courageux : le sacrifice quotidien de son adolescence pour le bien-être de son frère. Un combat qui semble encombrant pour son père dont l'attitude est méprisable Kléber se sent prêt à relever le défi par amour pour son frère. Avec son Monsieur Pinpin, un lapin en peluche sur lequel Barnabé projette les réactions d'une personnalité qu'il ne maîtrise pas, Simple est adorable, sans parler des nombreux quiproquos oraux et verbaux. Avec originalité et sensibilité, un style tout en douceur, Marie-Aude Murail choisit une approche humoristique parfois désopilante d'un thème lourd.
Simple c'est aussi un regard pertinent sur l'adolescence de Kléber, son éveil à la sensualité, ses balbutiements amoureux. C'est la question de la sexualité d'un corps d'homme dans la peau d'un enfant de 3 ans, de son éducation face à la nudité et des mots pour exprimer le désir sexuel. Marie-Aude Murail utilise habilement des métaphores comme celle du "couteau" ou bien encore l'acharnement de Simple à trouver une Madame Pinpin pour sa peluche. Marie-Aude Murail fait preuve, une fois de plus, d'une maîtrise de l'écriture, à la fois inventive et subtile, qui rend le personnage de Simple attachant, touchant parce que ses bêtises nous font rire. Récit émouvant sur le handicap mental, Simple est un merveilleux roman d'apprentissage sur l'acceptation de la différence qu'elle soit physique, religieuse ou sociale (la question du foulard musulman est abordée) parce que Barnabé n'est pas si "débile" que ça : plein d'une logique toute personnelle, il observe, découvre et ne dit pas que des choses insensées ! Une petite réussite et un très bon moment de lecture empli de tendresse et de tolérance.
Lu dans le cadre d'une Lecture commune avec Liyah
dont vous pouvez lire la chronique ICI
Les avis de Pimprenelle, Maribel, Thalie