Magazine Journal intime

De l'effet de la nuit trop courte sur la journée de travail

Publié le 08 juin 2011 par Fyfe

Le réveil sonne.
Trop tôt, ta gueule, snooze. (je ne suis pas très polie au réveil, pardon)

Le réveil re-sonne.
Mais je viens de l'éteindre ?? Snooze encore.

Le réveil re-re-sonne.
Ça y est put*** je suis à la bourre

[...] (je vous passe le nourrissage -habillage - déposage du Crampon et le nourrissage - lavage - habillage de moi même)

Sortie du métro.
Je suis tellement fatiguée que je ne reconnais pas le quai. Elle est où ma sortie "numéros pairs" ?
Pas grave, je vais prendre cet escalier-là, une fois dehors je me débrouillerai.

Ok.
Je suis donc descendue une station trop tôt.

Bon.
Je vais marcher, ça va me réveiller. (blague)

Arrivée au bureau.
Je sors mon abonnement de métro pour pointer. Oups.
Je sors ma carte de fidélité de la boutique à sandwichs pour pointer. Oups
Je sors mes clopes pour pointer. Oups
J'étale mon sac à main sur le sol. Des collègues m'enjambent élégamment.
Ok, tant pis, je pointerai un autre jour.

Je me dirige à l'odeur vers la cafetière, remplis ma tasse, et redescends aussi sec pour accompagner mon café d'une cigarette.
Je sens que la journée sera longue, il faut que je me préserve.

Je dis bonsoir au directeur que je croise dans l'ascenseur.

Je remonte allumer mon ordinateur.
Mais je ne trouve pas le bouton pour la mise en route de mon cerveau.
Mes paupières pèsent une demi-tonne chacune.
Je me muscle le front et l'arcade à les tenir ouvertes.
Oh mon dieu, je vais me choper des rides à cause de ces conneries ??? C'est peut être plus raisonnable de fermer un peu les yeux, non ?
Non ?
Bon, ok.

Mon chef me parle fort. Trop fort. Peut être parce qu'avec mon front tout plissé pour soutenir mes paupières, j'ai l'air mal-comprenante ?

Tiens. Je crois que je n'ai rien écouté de ce qu'il a dit depuis 5 minutes.
Il sort en me lançant un vague "bon ben à tout de suite !".

Hum. J'ai combien de temps pour trouver ce que je dois aller faire et où ?
Non, parce que Jack Bauer il a 24h à chaque fois, hein. Alors faudrait pas trop espérer de moi des 5 prochaines minutes.

Oh putaing.
La réunion du personnel.

Je file, et j'oublie mon téléphone. Grooooooosse erreur. Je viens de perdre mon seul instrument de survie pour ces 3 prochaines heures.

Je m'assois loin, au fond, si possible derrière un poteau.
Je me tiens bien droite, et commence à réciter mentalement un mantra : "ne dors pas, ne dors pas, ne dors pas"

Discours d'introduction.
Je crois que ça parle de.... boulot ?

Présentation de.... je ne sais pas trop quoi.... un truc en rapport avec.... le boulot ?

Mes yeux piquent - piquent.
Je sors aussi discrètement que possible (=en renversant ma chaise), me rends aux toilettes, résiste à l'envie d'aller dormir assise sur les toilettes, et asperge mon visage d'eau fraîche. Si, si, ça marche dans les films.

Ok. J'ai donc des traînées de mascara et de fond de teint qui se dessinent sur mes joues.
Hollywood de merde.

Je retourne m'asseoir aussi discrètement que possible (=en me prenant les pieds dans le câble du vidéo-projecteur).

J'essaye de me convaincre que des micro-siestes oculaires vont me permettre de récupérer un peu d'énergie (façon Vendée Globe).

Oups.

Quand j'ouvre les yeux, le directeur me regarde, et un silence de plomb règne dans la salle.

Est ce que je dois dire quelque chose ?
Est ce qu'on m'a interrogée ?

J'évalue la probabilité de tomber juste en prononçant une phrase au hasard. Quelque chose comme "Je pense que les politiques publiques actuelles s'inscrivent tout à fait dans cette démarche". Ca ne mange pas de pain, si ?

Ok, les probabilités jouent contre moi. Je me tais et prends un air concentré. Ah ben tiens, on en revient au front plissé dites donc.

Des questions émergent dans la salle.
Ouf.
C'était juste le début de la partie "Echanges- Débats" de la réunion.

Fin de la réunion.

Pause déjeuner.
Je décline l'invitation "cantine". Beaucoup trop sombre, et beaucoup trop copieux. Dangereux pour le maintien de mon intégrité physique (s'endormir en portant un plateau est risqué).

Ballade, sandwich. Je marche en mode automatique.

Je me perds en mode automatique, aussi.

Je rentre à l'aide du GPS du téléphone. Ouaip. Même pas honte. Ou si peu.

Passage rapide aux toilettes, une conne attend son tour, je peux oublier mon projet de sieste.

Installation devant l'écran et....
Rien.
Mais rien du tout de chez du tout.
Le vide intersidéral entre mes oreilles.

Je ne sais pas si j'ai atteint un genre de nirvana de méditation, ou si j'ai juste une soudaine et drastique chute de QI. En tout cas, c'est bien.

Je vais rester comme ça, tient.

Faudra juste penser à faire une pause café-clope à un moment, mais sinon, c'est très bien comme ça.

Finalement elle est passée très vite, cette journée.


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