Je l'avoue, il y a quelques jours, j'ai quitté la sérénité templemaroise pour rejoindre Lille, un soir. Destination : l'opéra. Magnifique bâtiment édifié à une époque où les ch'tis cherchaient à égaler l'architecture des Haussmann et autres Garnier (aujourd'hui, on préfère les battre au foot...). Si vous ne l'avez déjà fait, je vous conseille la visite de ce splendide équipement, rénové en 2004 lorsque notre métropole était capitale européenne de la culture.
Que vous soyez ou non familier des spectacles de l'opéra, je vous incite à y venir un jour. Les productions qui y sont présentées sont de toute première qualité. Ce soir-là, nous assistions à un hommage à Alwin Nikolaïs, très grand chorégraphe américain, ami de la France, disparu en 1993 après une longue vie consacrée à la danse.
En dehors des qualités plastiques de Nikolaïs, et du travail accompli par les danseurs du Centre chorégraphique national de Roubaix, ce spectacle rétrospectif est une occasion de réfléchir à la "patrimonialisation" du répertoire chorégraphique. Et oui, la danse, cet art de l'instant fugace, est aujourd'hui répertorié, on peut "écrire" un ballet, et le rejouer bien longtemps après la disparition de son créateur.
Nikolaïs est l'un de ceux qui s'est penché sur la nécessité de trouver les outils qui lui permettaient de figer ses créations pour que sa postérité puisse en profiter aujourd'hui. Il existe un langage de la danse classique, mais les créateurs contemporains se sont affranchis de bien des règles et ils ont dû mettre au point un langage adapté à cette re-production qui puisse franchir les pays, les générations, les cultures.
Le créateur avait poussé le détail très loin, puisqu'il avait lui-même écrit les musiques de ses ballets, et en avait réglé les éclairages. Et je peux vous dire que le concernant, les éclairages jouent un rôle essentiel.
C'est un réel plaisir que de revoir en 2011 des ballets créés il y a près de cinquante ans. On mesure par exemple l'influence que l'artiste a exercé sur notre vie : les habillages lumineux des filles du Crazy Horse Saloon, les expériences télévisuelles de Jean-Christophe Averty ont puisé dans cette école de la danse.
Il ne me reste qu'un vœu à formuler : un jour prochain j'espère, nous aurons la possibilité d'accueillir les danseurs du Centre chorégraphique national de Roubaix dans notre belle salle Desbonnet. Mon petit doigt me dit qu'ils s'y trouveraient fort aise...