Nid douillet
« Quand il me prend dans ses bras, qu’il me parle tout bas… », explique-t-elle à sa propre mère qui est vraisemblablement ravie qu’un homme prenne en charge sa fille aînée qui lui semblait, jusque là, bonne à rien, même pas à faire la cuisine. Distante, décalée, différente, pot de fleur s’accordant mal avec la déco, la transition est une lettre à la poste. Seulement, la boite est tellement vide qu’on y oublie ses factures. Pas bon de remonter les bretelles à une époque où on n’en porte plus. Tant pis.
Les cartons, eux non plus, ne se font pas. Quelques livres par là, lors d’un repas de famille. Des vêtements dans un sac à dos. Chacun fourmille en douceur. Et petit à petit, la résurrection est palpable, sensible, la petite bulle gagne en onctuosité, presque plus de place pour ranger les nuages – qu’elle collectionne soigneusement, d’ailleurs. Elle prend ses marques. Lui aussi. Elle décore et aménage. Il complète le set du parfait confort intérieur. Ils jouent, comme des chatons, tirent sur la pelote, elle s’effiloche. Ils rient de bon cœur. Mais demoiselle Responsabilité les rattrape. Etudes, travail, argent, ménage. Déployer ses ailes, amasser ses propres branches et fétus de pailles. Encore faut-il pourvoir àl’inévitable entretien de l’existence. Le retard accumulé esseule la pelote. Le retentissement des rires est de plus en plus ponctuel.
