Je pourrais parler de ma dernière lecture Mademoiselle Personne de Marie Christine Bernard qui flotte encore dans ma tête tellement j’ai aimé. L'auteure a un style bien simple, ses personnages ont l’air de parler, de réfléchir à haute voix. Pourtant de nombreuses phrases et même plusieurs pages, d’un style plus recherché, se marient très bien avec le reste. Dans son cas, la beauté de l’histoire tient plus dans la structure, dans le fait d’avoir donné la parole à quatre personnages sur les mêmes événements. Un roman qui se serait tellement bien lu au bord de la mer, assise sur le cap d’une roche.
Je pourrais parler de Claude Léveillé, je me suis contentée d’un commentaire ce matin chez une autre blogueuse. J’ai revu mon père qui nous l’a tellement fait écouter. Quand mon père est mort, ma belle-sœur pianiste a joué « La légende du cheval blanc ». Je me suis revue avec mon frère, à l'auditorium de ville Saint-Laurent quand on assistait à l'émission Domino, en 1956. C’était « mon » Cloclo.
Je pourrais parler de ce début de roman que je ne cesse de recommencer. Un bon 150 pages écrites, mais le début ne me satisfait pas. Je ne trouve pas le ton, la forme. Parce que l’histoire commence quand un garçonnet de quatre ans vient de perdre sa grand-mère, alors je ne veux pas adopter le vocabulaire d’un enfant, ce n’est pas une histoire pour la jeunesse. J’ai essayé pendant une ou deux pages de commencer par ce même personnage, vieux, malade, seul qui raconte sa vie et se souvient. J’ai pensé écrire sous la forme d’un journal, mais ce n’est plus tellement la mode, si tant est que ça l’a déjà été. Même si, en tant que lectrice, j’aime beaucoup journaux intimes, mémoires et même correspondance, les éditeurs, eux, je ne crois pas qu’ils trouvent le style vendeur.
Devant tant de « je pourrais », je n’en ai développé aucun et voilà pourquoi je n’ai rien écrit de valable depuis dix jours. Mais ça me démange.
(source photo: http://www.photo-libre.fr)