Rip

La route s’étendait longue devant moi, bordée de grands arbres semblables à des miradors. Cette piste avait été empruntée par les longs convois français quand ils avaient quitté le pays. C’était la même qu’avait prise Oumar Tall se réfugiant dans les falaises de Bandiagara. Manssa Moussa en avait fait une voie principale de commerce. Elle était l’artère, la source de vie de Djenné, Tombouctou…Les esprits y avaient pris place depuis bien trop longtemps pour que l’on s’en souvienne. Et ils étaient là à se disputer et à surveiller la bonne marche du monde.

Le chemin avait été long. Un nuage de poussières rouge m’enveloppait encore alors que je stoppais la moto devant le portail. Mon sourire continuait d’éclairer un visage asséché par de longues années d’attentes. Mon corps avait attendu trop longtemps. Mon choix s’était dès lors porté de lui-même, il y a déjà quelque temps, sur cette terre aride. Elle seule saurait recueillir l’eau et le sang.

Derrière moi, le long de la piste ocre, des flaques de couleurs sombres s’enfonçaient dans le sable. Je savais que le palais n’ouvrait ses portes qu’au prix d’un sacrifice terrible.

L’éclat des marbres blancs, décorant avec majesté le seuil, me fit alors couler les dernières larmes.

GG