Le Sine Saloum, un air de bout du monde

Publié le 26 avril 2011 par Charles4238 @cthoquenne

« Papa et belle maman » m’ayant rendu visite une dizaine de jours, j’ai voulu leur en mettre plein les yeux dès leur arrivée. A environ 150km au sud de Dakar , le Sine Saloum est un endroit aux airs de bout du monde, un de ceux loin de l’agitation urbaine où l’on aimerait rester longtemps, juste parce que ça fait du bien. Seul le téléphone portable qui fonctionne « trahit » un peu ce cadre idyllique. Le trajet pour y aller est un voyage en lui même, entre le bitume défoncé (ou la piste) et le slalom entre les bêtes, la faible allure du taxi nous permet d’observer la vie des villages composés de cases, une carte postale défilante.

Par le bouche à oreille, j’ai choisi de passer notre séjour dans le campement « Hakuna Matata » situé non loin du village de Mar LodjAprès avoir parcouru les 150km de route jusqu’à Dangane (~4h en voiture en partant tôt le matin, prix du taxi : 40000F/60€), il « suffit » d’emprunter une pirogue puis une charrette sur 6km (30-40 minutes selon la motivation du cheval) car il n’y a aucun véhicule à moteur sur l’île. Au bout d’un quart d’heure, on se rend compte que nous nous dirigeons vers (permettez moi l’expression) le trou du c** du monde. La vitesse astronomique du cheval propulsé à grands coups de « prout-prout » permet de faire connaissance avec la faune et la flore locale. Pour la première fois, je vois des anacardiers, l’arbre produisant la noix de cajou, à chaque fois surmontée d’une petite pomme utilisée pour faire de la confiture (humm). Le sol est jonché ça et là d’énormes termitières dures comme du bois pouvant atteindre pour certaines plus de deux mètres. Les zébus, chèvres et chevaux se baladent en liberté dans la brousse aux herbes basses, mêlant bosquets, mangrove et étendues de sable. Les oiseaux quant à eux, s’envolent (ou pas) à notre passage. Le silence est d’or.

                  

                         

Une fois arrivés sur le camp, Olivier et Dominique nous accueillent comme ils savent si bien le faire. Il n’y a plus qu’à se laisser aller et se détendre les doigts de pied. Les cases en semi-dur sont confortables et offrent l’essentiel, deux lits simples, ventilateur, moustiquaire,étagère, table. Les sanitaires sont séparés, comme au camping. La fraîcheur des lieux est assurée par de nombreux arbres habités par des oiseaux multicolores qui se chargent de la musique d’ambiance. Situé au bord d’un bras de mer, le camp possède un ponton et une plage avec paillotes et hamacs. Quand l’heure des repas sonne, tout le monde se réunit sur de grandes tables, c’est convivial et les plats sont vraiment excellents. La nuit, les hurlements des hyènes et chacals donnent des frissons à certains (personnellement, ça ne m’a pas réveillé), mais pas d’inquiétude, les chiens du camp montent la garde pour ne pas se faire croquer un mollet en pleine nuit. Les quelques varans inoffensifs de quasi deux mètres de long qui se baladent sont une curiosité à voir.

                     

En parlant des oiseaux qui chantent, en voici quelques uns :

                         

                   

Durant ces quelques jours, nous avons pris le temps de profiter du temps, il ne s’écoule pas aussi vite là bas (sûrement à cause de la pleine Lune). Le kayak est un bon moyen pour aller découvrir les alentours et se perdre dans la mangrove. Silencieux, on peut s’approcher des oiseaux (pélicans, martin pêcheurs, grues…) en toute discrétion. Bon, parfois à marée basse, on touche le fond et il faut descendre pour tirer le kayak à la main, résultat : tout le monde s’enfuit! Un matin, Olivier nous a proposé de l’accompagner pour aller acheter du poisson au port à une heure de là en bateau. Malheureusement, ce jour là les dauphins n’ont pas montré le bout de leur nez mais l’escapade fût bien agréable.

Le village de Mar Lodj à trois km du camp est très sympa à visiter. Une église et  une mosquée à deux pas l’une de l’autre. Les chrétiens et musulmans y vivent en communauté, tout comme les animaux de basse cour d’ailleurs. Vous l’aurez deviné, il n’y a ni eau courante, ni électricité mais on aperçoit quelques panneaux solaires! Les villageois vaquent à leurs occupations, certains vivent des quelques touristes en vendant de la confiture maison ou encore de l’artisanat, d’autres de l’agriculture (mil, lait, viande). J’ai même du participer à la capture d’une chèvre qui s’était échappée. Parmi les curiosités, on y trouve l’arbre à palabre ou encore le tamtam téléphonique pour informer le village par des messages codés. La visite se termine autour d’un verre au bar près de l’église « Chez Prost » qui prend le temps de parler avec nous.

                  

                 

Je finis ce séjour en beauté avec une petite course à pied en brousse à la lumière chaude du coucher de soleil, jouissif! Quelques charrettes me taquinent pour faire la course, sans surprise, je suis battu. Le retour vers la civilisation se fera en Peugeot 405 « 4X4 Cross Tout Terrain Même Pas Peur Du Sable » par la piste, dépaysement garanti! D’ailleurs, le flexible de frein arrière gauche frottait sur le pneu et s’est rompu. Un petit tour au mécano pour le changer boucher avec une vis et c’était reparti!

Pour sûr, je vais retourner dans ce petit coin de paradis très bientôt! Pour la petite anecdote, j’ai encore une fois pu constater que le monde est très petit. J’ai rencontré un couple de stéphanois qui participent chaque année à l’organisation de la Saintélyon, la course à pied que j’ai faite deux jours avant mon départ pour le Sénégal et en 2009.


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