Il y a des jours comme ça. Des jours plus tristes, plus moribonds. Des jours qui donnent le cafard. Une envie d’ailleurs. Ces jours dont on ne sait que faire. Ces jours où on se voit partout ailleurs. Infiniment loin. Ces jours où on se rêve un destin. Ces jours où l’on rêve du monde devant son frigo vide. Ces jours où tout est lent, fade, sans aucun sens. Ces jours où l’on cherche vers où aller.
J’étais jeune. J’avais le temps, les moyens. Je partais sans scrupule. Des jours entiers dans la nature, à pied, avec une bouteille d’eau. Je ne cherchais rien, j’avançais, sans but, sûrement. Je m’arrêtais quand je le voulais, découvrais des endroits déserts. Aucune question à l’horizon. Seulement le souci d’aller encore un peu plus avant. Rien pour m’arrêter.
Encore un des jours comme ça. Errance terrible de l’homme moderne. De la cafetière au velux, du velux à l’écran plat. La boucle infinie, terrible. Dehors, la pluie. Dedans, la fumée de cigarette. CNN en continu qui siphonne ce qui me reste de cerveau. Encore une journée à l’attendre. Une journée longue et fade. Et il ne viendra pas. Dix ans qu’il ne vient pas. Qu’il ne vient plus. Et j’ai plus de café.
C’est dans la cave que mes pas m’ont emmené, en quête de café. Il y a tellement longtemps que je n’y ai mis les pieds. Sait-on jamais. Rien n’a bougé. Un insaisissable tapis gris recouvre tout. C’est lui qui m’avait aidé, à l’époque. Avant de partir découvrir le monde. Sans but, sans rien chercher.Juste avec une bouteille d’eau.
JL