En ce moment à Paris(et en France) se tiennent de très beaux évènements artistiques : Monumenta au Grand Palais, les frères Dufy au Musée des Lettres, L'inde au Centre Pompidou et au Musée Guimet, Gino Severini au Musée de l'Orangerie,Dogon au Quai Branly, Rembrandt au Louvre, Richard Prince à la Bibliothèque nationale, Claude Cahun au Jeu de Paume et j'en passe.
Autant d'évènements auquel j'ai envie d'assister, mais avec une sorte d'attraction-répulsion pour certains...
Paris est devenu depuis plusieurs années " The place to be " en matière d'art. Parfois j'ai l’impression qu'il suffit que je rêve d'une exposition, pour que l'un ou l'autre des lieux artistiques de la capitale la propose: un véritable bonheur et le sentiment de se sentir presque privilégié.J'ai rêvé d'expositions comme celle " Vaudou " qui se déroule en ce moment à la Fondation Cartier. La seule vue des affiches magistrales, faites de grandes lettres rouge(sang) sur fond noir me faisait frémir de plaisir...Pour rien au monde je n'aurais manqué ce vernissage et pourtant, quelle déception !Comment imaginer un seul instant que le Vaudou puisse être abordé de façon purement contemplative, au travers d'objets de rite mis en vitrine tels des œuvres d'art ?Il y a certes quelques documents instructifs de Jacques Kerchache et des carnets dont j'ai lu scrupuleusement chaque ligne pour essayer de comprendre sa fascination, mais c'est à peu près tout. Il faut terminer la visite à la librairie.L'art est(aussi et avant tout ?) une histoire d'appréciation et de perception, mais après cette nouvelle déception, je soupçonne la Fondation de donner dans le sensationnalisme depuis quelques années...Qu'à cela ne tienne, je n'en fais pas une maladie puisque de toutes les manières, comme je le disais ici , on m'y reprendra.
Pourquoi je vous raconte tout ça ?
Parce que L’œil a une démarche " Behind the scene " que j'apprécie particulièrement et qui manque parfois cruellement à certains commissaires d'exposition.La récente Rétrospective Basquiat au Musée d'art moderne de Paris, a récolté des critiques pour le moins dithyrambiques et rencontré un large succès populaire. Pourtant beaucoup (trop) de personnes sont restées à la porte de l'art de Basquiat.La faute à une exposition qui se présentait justement comme une rétrospective, mais dénuée du caractère didactique, indispensable (selon moi) pour comprendre (et non pas apprécier) l’œuvre de l'artiste.Ce n'est pas par hasard que le documentaire de Tamra Davis consacré à l'Artiste précédait chronologiquement la rétrospective et faisait même partie intégrante de l'évènement. Ce documentaire était pour moi un pré-requis pour pouvoir apprécier pleinement la scénographie chronologique choisie par le commissaire.Le succès étant désormais au rendez-vous de toutes ces expositions, qui se soucie de quelques personnes à la rue ?C'est que les expositions sont un peu devenues le dernier truc à la mode. On les consomme comme un macaron de Ladurée : avec la conviction de l'indispensable et le sentiment d'appartenir à un monde qu'il faut mériter.Le propre du grand public est d'être imparfait et paradoxal.La responsabilité des exposants est de retranscrire du mieux qu'il peuvent la "vérité" de l’œuvre qu'ils présentent.Il y a tant de trésors à travers le monde qui ont été détruits par le tourisme "culturel" de masse qu'il serait dommage que les Musées qui en sont gardiens ne soient pas également responsables de cette "vérité". Dans l’œil, le lecteur, futur visiteur est interpellé sur la nécessité d'essayer de capter "l'essence" de l’œuvre qu'il envisage de visiter.Rien de rébarbatif je vous rassure, mais une façon de traiter les sujets plutôt différente, de mettre le doigt parfois là où ça fait mal, de susciter le doute ou l'émerveillement qui nous auraient échappés.L’œil c'est définitivement un autre regard sur l'art : un regard individuel, personnalisé et responsable.