Qui n’a jamais ressenti ce frisson, cette décharge qui part du bas du dos pour aller se briser contre les épaules et sortir dans un souffle contracté, un trop plein d’air que notre gueule ne sais comment gérer. Une émotion face à la beauté.
Qui n’a jamais ressenti cette crainte, cette anxiété propre au bonheur. Cette conviction profonde que les belles choses sont éphémères, conviction qui ressurgit au moment où l’on devrait rire, chanter, danser en un grand rite. Au lieu de cela on s’assied, et l’on a peur de la joie qui nous habite.
Qui n’a jamais ressenti cette honte, cette haine de notre confort. Sentiment de la bassesse de notre existence aussi superficielle que monotone. Cette exaspération face à la léthargie qui nous enchaine, face à notre frilosité à agir encore.
Qui n’a jamais ressenti cette violence, cette rage qui nous consume face à l’incompréhension de notre entourage. Ce dégout de la masse bêlante incapable de la moindre réflexion sur le monde, sur l’homme, et sur ce qui les hante.
Qui n’a jamais ressenti cette sensation de fuite, élévation résultant de la jouissance physique autant que psychique. Cette extraction de la dureté brutale et douloureuse de la réalité. Le gémissement pendant l’orgasme, le soulagement que nous procure la découverte mystique.
Qui n’a jamais dans sa vie, ressenti l’effet de la mort ?
CB