LA VÉRITÉ SERAIT-ELLE AILLEURS ?
Image issue de la sympathique bande-dessinée "Dieu en personne" de Marc-Antoine Mathieu.
S’il faut commencer quelque part… je dois d’abord vous faire un aveu. S’il est une question métaphysique que je n’arrive pas fondamentalement à me poser, c’est bien celle de Foi.
Croire (verbe transitif) : Tenir pour vrai ; estimer, juger, penser ; avoir confiance ; ajouter foi ; avoir la foi.
La définition elle même me pose problème. Si le mystique croit… est-ce par réelle conviction (personnelle ) ou par culture (valeurs familiales) ? Choisit-on vraiment d’être croyant ou non ?
Pour ma part – peut-être par paresse réflexive ? – la question ne s’est jamais vraiment posée. Si j’avais pour habitude de voir – voire même d’accompagner – mes grands-parents maternels aller à la messe le dimanche, je dois confesser que, durant l’enfance, jamais la question de Dieu n’a effleuré mon Moi. Les rites liés à la religion ont baigné mon enfance, sans pour autant qu’ils soient intégrées à mon éducation. J’ai bien sûr été baptisée… événement marquant à la fois mon entrée dans la grande communauté chrétienne, mais aussi le seul sacrement inscrit à mon actif. Un baptême, puis plus rien. Si mes parents m’ont un jour mise au choix de suivre un enseignement de catéchisme, ce, je ne saurais dire à quel âge… je dois avouer qu’à l’époque… je faisais déjà du piano et de la danse… et l’idée d’une « activité » supplémentaire n’était pas franchement compatible avec ma fainéantise naturelle. Pas de catéchisme, donc. Pas d’éveil spirituel.
Les questions, j’ai commencé à me les poser au lycée. En côtoyant un panel de personnes plus variées… et au travers des cours d’histoire des arts et de philosophie. Mes cours préférés. A cette époque – pas si éloignée ? j’étais profondément révoltée contre la religion. L’occasion de nombreuses discussions animées (passionnantes, mais cependant déséquilibrées, puisqu’il est difficile, à moins d’être agnostique, de reconsidérer son « formatage » culturel) et de moments de (vaines) rébellions.
Au fil des années, j’ai appris à me familiariser avec le vocabulaire chrétien (histoire des arts oblige), puis à calmer mes ardeurs. « L’opium du peuple » devenant une drogue douce plus facile à apprivoiser…
A la veille de l’épreuve de philosophie… coïncidence fortuite, loin de moi l’idée de proposer un réel débat philosophique… Je n’ai pas cette prétention… ni probablement le savoir approprié. Je ne me suis pas réveillée ce matin en me disant : « tiens, ce soir, je ferai un billet sur mon blog sur la question de Dieu ». Non.
En deux jours, j’ai été amenée à voir deux films en rapport avec cette thématique.
Habemus Papam, de Nanni Moretti, en premier lieu. Hier soir, à l’occasion de la présentation de la programmation parisienne 2011-2012 du dispositif Collège au cinéma, j’ai eu le grand privilège de voir ce film en avant-première (il sort en France le 7 septembre 2011).
Tree Of Life (L’arbre de vie), de Terrence Malik, en second lieu.
Deux films au centre desquels la question de la Foi est omniprésente.
Est-il bien utile de préciser que je n’offre aucunement à ces films la prétention de me convertir à quoi que ce soit ? Non. A cet instant – et c’est peut-être bien là le point crucial de l’histoire, je suis totalement démunie à l’idée de devoir imaginer ce que c’est de croire. Peu importe le Dieu, tant qu’il y a l’ivresse ?
Voilà justement LE détail qui me chagrine. L’absence de Foi. Non pas que j’estime être passée à côté de quelque chose (et puis qui sait, je ne me refuse rien…). Mais plutôt une sorte de jalousie. Oui. Je suis jalouse, au fond de moi, de cette croyance. De ce quelque chose qui fait que l’homme n’est plus seul… Cette croyance qui guide, qui emplit, qui réchauffe (et sûrement qui parfois ne manque pas de froisser).
Je ne suis pas sans m’étonner qu’une telle Foi puisse exister. Qu’une telle confiance puisse exister. Je n’ai pas cette confiance. Ni en l’être humain… ni en la nature. Je doute aussi (trop) souvent de moi-même.
La vie est-elle vraiment différente lorsqu’on a un Dieu derrière soi ? J’aimerais rencontrer cette confiance. Qu’elle vienne d’un Dieu ou d’ailleurs. Et je n’y arrive pas.
Démunie, il m’arrive pourtant souvent de penser à Lui (si j’ose). Au travers du souvenir de ceux que j’ai aimés et qui ne sont plus là. J’aime à les imaginer dans ce cocon qu’ils chérissaient tant. De les savoir auprès d’une divinité, d’une force supérieure… De les penser emmitouflés dans un bain d’amour, où qu’ils soient… plutôt que dans cet état que nous promet la terre.
Il m’arrive même parfois de leur sourire, dans ce brouillard, en imaginant qu’ils sont là, à veiller sur moi.
Dans ces moments je me sens démunie. Démunie parce que c’est admettre que malgré mes profondes convictions pragmatiques et cartésiennes, un doute existe en moi. Une faille que je me plais à laisser béante, malgré tout. Par peur de regarder la vérité en face ? De quelle vérité parlons-nous, après tout ?
Une réflexion confuse… comme souvent, qui ne doit pas m’empêcher de vous encourager à courir (enfin, pas trop vite, vous devrez encore attendre près de trois mois) dans les salles obscures voir Habemus Papam !
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