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(7) Le port de Boulâk

Publié le 23 décembre 2010 par Luisagallerini
Mardi 24 février 1863, midi
La nuit porte conseil ! À mon réveil, toute hésitation s’était envolée ; j’avais décidé de partir le lendemain. J’ai d’ores et déjà rassemblé toutes mes affaires. Je règlerai le coût de mon séjour au dernier moment, le jour même, car je me méfie du maître d’hôtel. Je ne sais pas encore comment faire pour quitter les lieux sans être vue, et je crains en particulier les hommes de main de Monsieur Losson qui travaillent à l’hôtel. Il me faudrait être méconnaissable, affublée de vêtements dans lesquels nul ne m’imaginerait, coiffée différemment, en un mot, déguisée. Je n’ai pas encore réfléchi à tout cela, mais je dois trouver une solution avant ce soir.
(7) Le port de BoulâkJe remonterai le Nil jusqu’à Thèbes. Ce matin, je me suis rendue sur le port de Boulâk pour prendre note des prochains passages. J’y ai appris qu’une dahabia (7) Le port de Boulâk, convoyant plusieurs européens embarqués dans le delta du Nil, arriverait le jour même pour livrer des marchandises au Caire et repartirait le lendemain matin, vers onze heures.
Le marin que je questionnai à quai, un homme fruste qui s’avéra en définitive des plus serviables, m’affirma que le capitaine ne remplissait jamais son bateau, et qu’une jolie jeune femme y obtiendrait sans nul doute une place de choix. Il me proposa même, si jamais le bateau ne faisait pas escale ou ne pouvait pas me prendre à son bord, de me déposer à Memphis dans sa cange, ce qui me permettrait de chercher, loin du Caire, une embarcation pour rejoindre Thèbes. J’acceptai son offre avec enthousiasme, bien que je ne pusse déterminer si elle était honnête ou non, espérant secrètement ne pas y avoir recours.
Acheminant des denrées alimentaires et des tissus, ainsi que diverses marchandises en provenance du bassin méditerranéen et d’Europe, la dahabia sur laquelle j’ai prévu d’embarquer demain si la chance me sourit, desservira de nombreuses cités côtières. Le matelot m’a révélé qu’au cours de ses voyages, le capitaine, pour lequel il travaillait autrefois, avant qu’il n’acquît sa propre embarcation, achetait et revendait des épices et de l’encens, de la myrrhe et des fruits secs, de l’ébène et des pierres précieuses ou semi-précieuses, comme des améthystes, des turquoises, de l’onyx ou de l’albâtre. En me décrivant les fabuleuses richesses de mon futur hôte, il écarquillait les yeux en embrassant la terre entière dans ses bras. Fort heureusement, lors de son énumération, il ne parla pas d’antiquités, ni de troc illicite. J’espère que ce ne fut pas une omission. Quoi qu’il en soit, je garderai secret le contenu de mes bagages. 
En me remémorant ces dernières semaines, j’avoue n’être pas mécontente de partir loin du Caire et de voguer vers de nouvelles aventures. Il y a tant de merveilles à découvrir sur la terre sacrée d’Égypte ! Je sens renaître en moi la fougue d’antan, celle qui mena mes premiers pas en Égypte, il y a plus d’un an déjà !
(7) Le port de Boulâk
A suivre...
Par quel artifice l'égyptologue parviendra-t-elle à se sauver? La réponse dans le prochain épisode !

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