Magazine Journal intime

Chez Moutafeuille, les clients mécontents, ça n’existe pas ! (de www.imaginer-ecrire-publier.com)

Publié le 08 juin 2011 par Montishow @Montishow
Client: C’est pour quoi ?
Briseburnes: Agent Briseburnes en mission.
C: Vous êtes flic ?
B:Flic ? Quelle idée ! Agent de maintenance... Société Moutafeuille. Vous nous avez appelés pour une intervention.
C:Ah oui, pour cette merde que je vous ai acheté et qui refuse de fonctionner ?
B:Les machines de Moutafeuille ne refusent jamais de fonctionner.
C: Ah ! Ben traitez-moi de menteur tant que vous y êtes !
B: Pas menteur, mais surement trop con... (puis, se ravisant) ... trop consciencieux pour risquer un mauvais usage. Vous avez bien fait de nous appeler, cher client.
C: Ouai, ben ça devrait pas être nécessaire, au prix que je l’ai payé. Ça m’a quand même coûté la peau du cul, vot’ truc, là.
B: Mmm, je ne sais pas, je ne connais pas le cours de la fesse en ce moment.
C: C’est ça, foutez-vous de ma gueule, en plus. Je vais écrire une lettre de réclamation et demander votre renvoi... non tiens, votre exécution !
B:Restons zen, dit l’agent en serrant les dents. Nous allons régler le problème. « Chez Moutafeuille, les clients mécontents, ça n’existe pas ». Où est la bête ?
Là... répond le client en pointant d’un doigt rageur en direction d’une carcasse rutilante.
B: Mazette ! siffle l’agent émerveillé. Une Destructall Turbo 2 Extended à mâchoires autocalibrantes...
C:Oui, bon, un destructeur de documents gros calibre, quoi. On ne va pas s’extasier pendant des heures. Réparez-moi ça et je vous brûle un cierge pour prier, si vous voulez.
B: Non, ça ira. Mais qu’est-ce que vous pouvez bien lui reprocher ? C’est dingue. Cette Destructall est un chef-d’oeuvre, un petit bijou de précision d’horlogerie suisse au design sexy ravageur malgré une puissance digne des plus grands...
C: Et ho, ça suffit maintenant ! Z’allez pas me débiter le laïus pour crétins des Alpes avec lequel je me suis fait entuber ? Faut me réparer ça, et vite fait.
B: Quel est le problème ?
C: Ben, regardez !
Le client prend 2 ou 3 feuilles sur un bureau, les glisse dans la fente du destructeur de document superluxe qui s’ébranle automatiquement d’un son feutré. Les feuilles disparaissent, happées par les mâchoires indestructibles.
B: Oui, et alors ?, dit l’agent très perplexe.
C: Et alors ? Z’avez pas vu ?
B: Vu quoi ? Les feuilles sont passées dans les mâchoires et ont bien été détruites, non ?
C: Z’avez pas vu ? Ma parole, y m’ont envoyé un aveugle débile, c’est pas possible !
B: Je ne vois pas, sincèrement.
C: Z’avez pas vu que les feuilles sont parties de travers, de plus en plus fort, et qu’elles se sont complètement chiffonnées avant d’être détruites ?
B: Chiffonnées ? Avant d’être broyées ? répond l’agent la mâchoire ballante. C’est... grave ?C: Grave ? Mais nom de dieu, vous voulez rire ? Vous trouvez ça normal sur une machine de ce prix-là ?
B: Mais... enfin, c’est un destructeur de documents, non ?
C: Un destructeur broyeur, oui. Mais pas un chiffonneur. Seriez encore capable de me faire payer l’option tiens !
L’agent en apnée reprend son souffle dans un grand soupir.
B: OK, on va régler ça.
C: Ah, quand même, c’est pas trop tôt !
B: Vous allez détruire cette feuille de calibrage, dit l’agent en sortant une feuille épaisse de sa trousse. Vous devrez la tenir bien droite. Ne la laissez pas dévier, hein, sinon vous faites tout foirer. OK ?
C: OK !
B:On place le début dans la machine qui démarre, dit-il aussitôt accompagné du vrombissement sourd.
C: Dites, ça colle aux doigts vot’ feuilles de calibre, là... Hé ! Ho ! Dites ! Eh meeeeeerde, aidez-moi ! dit le client aux doigts irrémédiablement solidaires de l’attrape-mouches happé par les dents de métal.
B: Vous aider ? OK ! dit l’agent en faisant basculer le client la tête en avant dans l’immense mâchoire autocalibrée de la Destructall Turbo 2 Extended rutilante qui finit par avaler tout cru le râleur à grand renfort de craquements d’os humectés de chair fraîche.
Le silence revenu, l’agent Briseburnes note sur sa feuille d’intervention : « Déchet passé au broyeur sans chiffonner. Problème réglé. »
Puis il relève la tête avec un sourire :Je vous l’avais bien dit : « Chez Moutafeuille, les clients mécontents, ça n’existe pas »
Montishow: Ce texte a été écrit par l'auteur de www.imaginer-ecrire-publier.com. Je lui ai proposé un défi, celui d'écrire un texte pour ce blog. Défi qu'il a réussi haut la main. Ce texte s'intègre totalement dans l'esprit du Montishow. Bon boulot! YOU RULES MAN!!!
Chez Moutafeuille, les clients mécontents, ça n’existe pas ! (de www.imaginer-ecrire-publier.com)

Retour à La Une de Logo Paperblog

Dossier Paperblog

Magazine