Obscène

Les femmes sont un mystère. Elles sont beaucoup plus énigmatiques que n’importe enquête juridico-macabre que j’ai pu mener pour L’effet d’hiver. Démonstration.

En bon fouineur, je me retrouve hier à la reconstitution d’un fait divers bien obscène : encore un pauvre type qui a fini par manger sa femme. Il l’a coupée en morceau, l’a congelée et s’en est nourri pendant plus de six mois. Sur les lieux du crime, je traîne incognito, me fais passer pour un autre que moi et pécore ici et là moult détails sordides. Mes lecteurs s’en délecteront et notre illustrateur s’en donnera à cœur joie. Pour l’instant, le profil bas est de mise, mieux vaut ne pas révéler la fouine que je suis. De toute façon, dans le bazar ambiant, les suspects côtoient les juges. Je puis me glisser en toute impunité dans ce vaste chantier de mise à jour de la vérité.

A chaque fois, ils embauchent une actrice pour jouer la victime. Que quelqu’un veuille gagner sa vie à simuler les derniers instants d’une future morte, voilà quelque chose que je ne comprends pas. Le métier de comédienne est dur, ok. Il faut arrondir ses fins de mois, d’accord. Mais autant poser nue aux Beaux-Arts ou se faire entretenir par le premier idiot venu ? Tout plutôt que plonger dans ce merdier, non ?

En plus, elle est particulièrement bien roulée, celle-ci. Jolie même, une belle pépée. Vraiment, elle aurait d’autres solutions. Et merde, voilà que ce gros porc la frappe ! Ca, je ne le supporte pas. J’aime raconter les histoires sordides, en aucun cas, les vivre.

Je me précipite à l’infirmerie, elle est là. Seule. Elle s’ennuie, me dit-elle. « Tu ne veux pas coucher avec moi ? » Elle me saute littéralement dessus. Une vrai chienne. Je n’ai jamais vu ça. J’ai l’impression de me faire violer par une star du X. On est filmé ou quoi ? Je débande.

-Qu’est-ce qui t’arrive ?

- Je suis désolé mais tous ces cris, ces grands yeux ouverts et que je te saute dessus dès que je te voie, je n’y crois pas. Moi, si on ne fait pas  un minimum appel à mon imagination, je capote…