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Un Baron Samedi le Vendredi SoirJ’ai éjaculé une merguez...

Publié le 19 juin 2011 par Fabrice @poirpom
Un Baron Samedi le Vendredi SoirJ’ai éjaculé une merguez...

Un Baron Samedi le Vendredi Soir
J’ai éjaculé une merguez sur une fille. En croquant mon sandwich.
Tout le monde commence en douceur. Par une pinte.
Elle était toute chaude. La merguez.
Fresh-Fraîch’ est arrivé le premier. Et a poliment exercé une pression psychologique insoutenable au téléphone.
No stress. Doit bien y avoir une épicerie dans l’coin. J’vais boire d’la pisse chaude sur-facturée en attendant. En zonant dans la rue. J’aime pas boire seul dans un bar.
À l’angle de Belleville et de la rue des Goncourt, Fresh change de trottoir et tend une canette.
Comme prévu. D’la pisse chaude. Intéressé?
Un peu plus tard, après la chaude merguez, Fresh se rince la bouche avec quelques gorgées, fraîches et amères. Une partie de la bande a déboulé. Dont K-pu. Moustache de mousse blanche sur babine cuivrée. Qui continue son histoire.
Çà lui a brûlé la joue. À la fille. J’lui ai payé une bière pour m’excuser.
Un week-end de hockey à Salon-de-Provence.
Cent-trente-sept mètres de bière. C’est la quantité commandée, pendant le week-end, par l’équipe de garçons qui a remporté la coupe du bar.
Quarante huit heures de beuverie. Et une bonne douzaine de matchs pour tenter d’éliminer.
On a fini à la deuxième place.
Au bar ou sur le terrain?
J’ai passé la semaine à bailler.
Derrière le comptoir, Tat-Ya et Pier-O débitent de la bière au kilomètre.

Tropical dedans, venteux dehors. Choc thermique à chaque pause clope.
Et la famille s’agrandit. Sexy comme une pelleteuse Caterpillar, Mateo déboule et biberonne. Suivi de près par Ma-Ree, la grande absente de l’année pour cause de succession de trucs moches à digérer. Une heure plus tôt, elle était en pyjama, chez elle, à parler à des répondeurs, en maugréant. Harcèlement moral téléphonique de Mateo. Le pyjama a été replié et glissé sous l’oreiller. Place au jean’s troué et aux fleurs dans les cheveux. Une seule fleur. Noire. En tissu. Qui retient sa fine tignasse et laisse apparaitre son visage, imperceptiblement marqué par la digestion de trucs moches.
Et la famille s’agrandit. Après un concert privé aux frais de la patronne, Jou-Jou et Leen-C sont dans la place.
On a motivé du monde qui devrait se pointer en métro dans pas longtemps.
Veste noire à col Mao, garrigue capillaire, Jou-Jou câline tout le monde.
Les deux obus mammaires de Leen-C retiennent l’attention de la gente féminine ce soir. Toutes l’invitent à défaire un, voire deux, voire trois boutons de son chemisier.
Une rame de métro s’arrête à Goncourt. Ouverture des portes. Mouvement de personnes. Signal sonore. Fermeture automatique des portes.
Il y a deux minutes de marche. À peine. Avant de pouvoir pousser la porte. S’excuser auprès de la personne installée trop près de ladite porte. Sourire. Prendre une grande bouffée d’air tropical. Et se faire accueillir par des cris et des bruits.
La famille continue à s’agrandir, donc.
S-Bolla et sa gueule de saut du lit. Quelque soit le jour, l’heure, l’endroit, la même idée domine face à lui: son réveil vient de l’arracher de son sommeil. Là. Il y a dix minutes à peine. Obligatoire. Les cheveux hirsutes, la barbe à mi-chemin, les yeux hallucinés sur le monde alentour, tous les indices sont là. Le mec vient de se réveiller. Obligatoire. Même un vendredi soir, à vingt-trois heures.
Kirikou et Okay-Boss déboulent, saluent gentiment, se calent sur deux chaises, sirotent, bavassent en duo et taillent en taxi trente minutes plus tard.
Les premiers plateaux de dés à coudre font leur apparition. Des accessoires à grimaces.
Alors le flou prend place.
Il y a beaucoup de câlins. Une promesse de mariage. Des accessoires à grimace. Une russe qui parle espagnole, accompagnée par un chilien qui vient de quitter Moscou pour atterrir à Paris. Des accessoires à grimaces. Il y a une jeune femme, le cul posé sur un rebord en ciment de dix centimètres de large. Elle a des chaussures qui brillent et une tunique grise qui respecte ses rondeurs. Pas plus épaisse qu’une OCB Slim, Ma-Ree s’installe à côté, sur le ciment froid. Elle l’écoute. Raconter sa blessure de jeune fille. Qui a en partie modeler la jeune femme qu’elle est aujourd’hui.
Le cinéma et la littérature se foutent bien de la gueule du monde. Trouver les bons mots, au bon moment, sans scénariste ni auteur derrière, c’est impossible.
Il y a des dés à coudre. Du flou. Beaucoup de câlins. Un soupçon d’adolescence dans tous les fonds de verre.

Il y a Go-Mar qui déboule, de retour de vadrouille. La donzelle, épaules et dos nus, traine une petite valise. Qui devrait être chez elle, rangée. Et les vêtements, eux, auraient dû finir dans le panier à linge. Mais K-pu l’a drivé différemment, par SMS.
Mais viens avec ta valise, banane.
Pinte, dé à coudre, pinte, dé à coudre. Go-Mar Dos Nu prend vite le pli.

À deux heures, Pier-O et Tat-Ya foutent la terre entière à la rue.
Leen-C attrape S-Bolla par le froc, l’installe sur la selle passager et file dans la nuit. Fresh disparaît. Apparemment. Lui même ne sait pas. L’avoue le lendemain.
Bon, c’est confus. J’avais mal à la tête ce matin. Et le relent facile. Vive le perrier. Ça m’a aidé sur le projet. Je suis parti quand ? j’ai dit au revoir ? pourquoi je suis parti ?
K-Pu s’évapore. L’avoue le lendemain.
J’ai beau y réfléchir, je sais que j’ai marché sous la pluie mais ne me souviens pas de la fin. On s’est dit au revoir?
Remonter la pente. Le flou. Prendre à droite. Chacun son rythme. Un détour avec Ma-Ree par une épicerie. De la pisse. Fraîche. Et du soda.
Éclats de rire, bavardages, confessions, flou.
À la maison, Ro et Mee-Lee, encore debout, traînent. Ils sont plus sobres que la troupe. Ils s’installent pour siroter et bavasser. Rapidement, ils s’éclipsent - boulot boulot.
Sans cesser les bavardages, lentement, la troupe s’effiloche.
Le lendemain, Jou-Jou commentera.
J’ai la super banane en dedans (dehors, c’est un peu plus approximatif).
Fin de soirée sur le canapé, emmitouflé dans des couvertures. Premières lueurs du jour.
Bonne nuit.
Le lendemain, Ma-Ree donne le ton de la journée.
Y a un fan de Zelda dans les parages? Ça fait 1 heure que je tente de pêcher un poisson, j’agite ma wiimote dans tous les sens… sans succès!
Journée Nada.


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