Un moine
vertueux, ayant été tourmenté par ce démon pendant l'espace de vingt ans,
n'avait cessé de mortifier son corps par des veilles longues et continuelles,
et par des jeûnes très rigoureux ; mais voyant que toutes ses austérités
étaient sans effet contre cette cruelle tentation, il l'écrivit sur un papier,
ainsi que les troubles qu'elle lui causait, et le confia, à un saint religieux
qu'il connaissait. Arrivé auprès de lui, il se prosterna le visage contre
terre, sans oser lever les yeux. Dès que ce saint religieux eut lu ce qui était
écrit, il sourit tout doucement et, relevant son cher frère, il lui dit : «Mon
fils, mettez votre main sur mon cou»; ce que celui-ci s'empressa de faire.
Puis-il ajouta : «Mon frère, je prends sur moi votre péché, tant pour le temps
passé que pour le temps à venir; la seule chose que j'exige de vous, c'est de
ne plus y penser et de ne plus vous en mettre en peine.»
Or c'est ce bon religieux qui m'a raconté lui-même ce qui lui était arrivé, et
il m'assura qu'il n'était pas sorti de la cellule de ce respectable vieillard,
que toute sa tentation avait disparu, et que toutes les pensées de blasphème
qui l'avaient si longtemps et si cruellement fatigué, s'en allèrent en fumée.
Je le répète donc, pour l'instruction de ceux qui se trouveraient dans le même
état; c'est celui-là même à qui le fait est arrivé qui me l'a raconté avec de
grands sentiments de reconnaissance pour Dieu. Quiconque est venu à bout de
triompher de cette tentation, a vaincu et chassé l'orgueil bien loin de son
cœur.
saint
Jean Climaque : L'Échelle sainte « Des inexplicables pensées de
blasphème. »
Enregistrement en russe du 23e degré :
Запись 23-го слова Лествицы на русском языке
(О
безумной гордости 2.)