Je reste avec lui parce que j’ai peur, ce qui est une autre forme du désir. Que fait-il ? C’est simple, c’est un putois. Je l’ai rencontré lors d’une reconstitution de crime. Il se dit journaliste. Moi, je pense qu’il pond surtout à chaque article une tambouille entre littérature de caniveau et ragots. Pourquoi lui alors ? Parce qu’il ne me parle que d’imaginaire et de ce qui n’existe pas. Parce qu’il est le premier à m’avoir bandé les yeux pendant l’amour. Parce qu’il me domine. « Tu en as trop vu, me dit-il, il est temps maintenant que tu écoutes tes sensations. » C’est vrai, c’est bien meilleur. Pour la première fois, je ne me vois pas pendant l’acte, je ne joue plus un film. Et lui se flatte d’être mon initiateur érotique, celui qui m’a désintoxiqué du X. Pourquoi pas?
Je ne cherche pas à dissoudre le malentendu entre nous. A quoi bon lui dire que ce qui m’excite le plus en lui, ce ne sont pas ses attentions et sa patience mais l’intuition qu’un jour ou l’autre il me tuera ? A force d’écrire sur les meurtres, il finira mal. Alors, ô bonheur, je vivrai le remake de L’empire des sens. Et ma vie redeviendra cinéma..