par Arion
Cher Apollon, au fronton de ton temple, c’est plutôt « Choisis-toi toi-même » qu’il fallait inscrire, « rassemble tous tes citoyens et nomme stratège le plus fréquent, ou le plus fréquentable, ou le moins vulnérable. Une gouvernance tournante tire à hue et à dia. Ne bâte qu’un seul mulet. » Evidemment, ce serait trop long pour un précepte, trop vulgaire pour un temple, trop expéditif pour un philosophe.
O Socrate, vieil ergoteur de mes veillées d’étude, quand il t’a fallu la boire, cette ciguë qui a tant fait couler d’encre, qui sait si ne pleuraient pas à ton chevet, parmi les doux Phédon et Phèdre, tous tes frères éconduits de la passion, ces « toi » possibles entraperçus et chassés, ces Alcibiade, ces Midas, ces Denys, comme la foule des prétendants qu’en son palais Ulysse fait taire d’une flèche en plein coeur.