Photos et collage, G.AdC
un peu plus au bord (extrait)
pour tenir dans la durée je m’expulse par fragments
je me vide
demeurer plein m’est impossible
sans ce vertige insupportable du vide
nous nous défaisons de nous-mêmes
comme si cela nous permettait de devenir plus libres
nous sortons de nulle part
lorsque nous sortons de nous-mêmes
nos débris sous le bras
nous ne durons que par effraction
*quelles que soient les circonstances on ne descend pas
plus bas que soi
dans la rue chacun se croise avec son barda
je suis pour les sociétés où on vit nu
ça ne change pas grand-chose
je ne sais où en sont nathan et nirina
je ne sais pas bien non plus où j’en suis moi-même
c’est difficile de tout suivre
il y a des moments où on est moins libre
à cause de toutes ces parties qui meurent en vous
le temps est au travail
la pluie vous empêche de sortir
je me souviens que nirina avait très envie de baiser
mais c’est nathan qui n’était plus chaud non qu’il n’ait
pas envie de nirina mais il a peur que ça se passe mal
derechef
moi aussi j’ai peur depuis que je suis né
mais à la place de nathan je n’hésiterais pas
en dépit que je ne connaisse pas nirina personnellement
la vie vous prive de tant de choses
et tant de choses se passent mal dans le monde
qui passe toujours moins vite
*
tous nous allons vers le manque
comme nous en venons
je déteste qu’on me remplisse malgré moi
si seulement on pouvait s’occuper de sa vie
le temps qu’elle nous prenne en charge
Ludovic Degroote, « un peu plus au bord », in Le Début des pieds, Atelier La Feugraie, 14770 Saint-Pierre-la Vieille, 2010, pp. 40-41-42-43.
■ Ludovic Degroote
sur Terres de femmes ▼
→ Retisser la trame déchirée (note de lecture de Sylvie Fabre G.)
■ Voir aussi ▼
→ (sur Exigence : Littérature) Le Début des pieds (note de lecture de Tristan Hordé)
→ (sur Poezibao) Le Début des pieds (note de lecture d'Antoine Emaz)
→ (sur remue.net) Le Début des pieds (note de lecture de Jacques Josse)
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