L'eau y est verte, les vagues sont quelque fois effrayantes. Les ferrys au loin, laissent parfois place à des tankers ou des voiliers. Depuis quelques années, les kite surfeurs envahissent dangereusement le rivage. La plage n'est pas surveillée alors ils ne font pas attention. Je me rappelle qu'un bateau s'était planté à quelques mètres du rivage, à peu près à l'endroit où un navire allemand a fait naufrage et dont on voit encore les vestiges affleurer à marée basse.
Et puis, les brises-lames sont partout. Ils rythment les promenades, quand il n'y en a plus c'est soit le retour inévitable, soit la folle expédition : vers Calais d'un côté, vers le Blanc Nez de l'autre. Une bonne heure de marche, parfois plus si on traîne. Et puis il faut penser au retour aussi, alors on se repose, on prend son temps.
Et puis, il y a les repères : la descenderie, la vieille digue, la mairie, la maison familiale, le phare.
Et la dune qui protège la maison de l'assaut des vagues. J'ai souvent rêvé que la mer débordait la digue et engloutissait la maison. Le seul refuge était le toit. J'ai passé des heures sous ce toit, dans les chambres à regarder la mer, les bateaux, l'Angleterre. J'y passerai également des heures cette année, comme l'année dernière, comme l'année suivante, je l'espère.
J'y passerai une bonne semaine, dix jours peut-être. S'il fait beau. Si la maison de mes grands-parents n'est pas prise d'assaut par d'autres.
J'y reviendrai en juillet, parce que je ne peux pas avoir un mois entier, parce que nous ne pouvons pas partir plus de dix jours loin de son travail, parce que séparer les 15 jours qui me sont attribués en deux permet d'espérer avoir un minimum de soleil, pas comme l'année dernière.
J'y reviendrai peut-être en septembre, parce qu'il y a les mûres des Noires Mottes et que cette année, j'ai vraiment envie de confiture et de pâtes de fruits. En septembre, personne n'ira plus là-bas, ma famille vit dans un rythme scolaire. Pas moi.