Elle
- C’est beau, non ?
Lui
- Oui.
Elle
- Le cimetière donne sur la mer. Les morts sont plus chanceux que les vivants ici. Mais surtout ne te baigne pas là-bas.
Lui
- Pourquoi ?
Elle
- C’est là où les égouts se déversent. J’ai essayé une fois. Je me suis grattée une semaine entière. (silence) Eh bien, bienvenue ici ! Je crois qu’on a fait le tour. Tu vas voir, tu vas adorer. (Elle le regarde avec insistance)
Lui
- Je connais déjà un peu, tu sais. J’ai déjà fait deux ou trois missions auparavant.
Elle
- Ah ? (Elle se rapproche de lui)
Lui (brusquement)
- Tu sais que mon boss va voir les putes. Sa femme est restée en France. Il m’a dit que c’est fréquent ici, c’est vrai ?
Elle
- Euh, je ne sais pas. En l’occurrence, ici, c’est moi qui me fais traiter de pute.
Lui
- Non, mais je veux dire, toi, tu en penses quoi ?
Elle
- Je ne sais pas. Le contexte s’y prête, c’est sûr. C’est une question de territoire, je crois. C’est facile alors que tout le reste est difficile. Mais pour les Occidentaux, comme toi et moi, c’est peut-être plus une question de génération. Un truc de vieux pervers, tu vois ? Ton boss, il a sûrement dans les 50 ballets, non ?
Lui
- Oui, c’est ce que je me suis dit, mais quand même…
Elle
- Quand même, quoi ? Vas-y si ça t’intrigue. Ce n’est pas la peine de tourner autour du pot avec moi. Je suis très libérale, tu sais. Le tourisme sexuel ne me dérange pas.
Lui
- Ne prends pas la mouche.
Elle
- Et la tienne de femme, elle arrive quand ?
Lui
- Dans 3 mois.
Elle
- Ecoute, avant de craquer, appelle-moi d’abord.
Lui
- Ok… mais pas d’anguille sous roche entre nous.
Elle
- T’inquiète, aucune banane sous gravier.