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Camille Loivier | Ombre d’un seul nuage

Publié le 22 juin 2011 par Angèle Paoli
« Poésie d’un jour

OMBRE D’UN SEUL NUAGE

Quand les deux cerisiers se touchent
ils font de tout le regard un blanc
cela ne dure pas au printemps

un jour tout leur poids s’écroule
et les beaux pétales se resserrent
autour d’un goût de sel dans la bouche

au début de l’été
dans le voyage à Tôkyô
il fait déjà chaud

sensation qui fermente
de l’eau aux fleurs de cerisier salées

leurs feuillages donnent une ombre tendre
particulière aux cerisaies
ce que l’on ne sait jamais des autres
se referme avec le temps

Motoori Norinaga
attentif aux fleurs
a su passer un peigne à poux
― fines dents serrées pour saisir ―
dans le Genji aux indémêlables nœuds d’amour
tout commence avec les saisons
et les fruits cueillis sur l’arbre
au passage des oiseaux
le noyau reste accroché
dans la bouche

le halo entoure les cerisiers sauvages
petits et touffus

ombre d’un seul nuage.

Camille Loivier, Poésies métisses in Enclose, Tarabuste Éditeur, 2011, pp. 90-91.



CAMILLE LOIVIER


■ Camille Loivier
sur Terres de femmes

Il est nuit (note de lecture de Georges Guillain)

■ Voir aussi ▼

→ (sur le site du Printemps des poètes) une fiche bio-bibliographique de la Poéthèque sur Camille Loivier



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