Juin 2001-Juin2011: cela fait ce mois-ci, 10 ans que j'ai arrêté la pilule. Je ne sais plus exactement quel jour de juin 2001: je ne l'avais pas noté, pensant que je m'en souviendrais bien sûr, au moment d'être enceinte, dans quelques mois... un an, au pire. Je n'imaginais -nous n'imaginions- évidemment pas, à ce moment-là, quel serait notre chemin, quelle serait notre vie, quels seraient nos détours, contours et obstacles, au cours des dix années à venir. 10 ans, autant dire une éternité!Et pourtant, ces dix ans, comme ils auront été à la fois terriblement longs et tellement courts!Ce sentiment à la fois grisant mais frustrant que tout passe toujours trop vite, ce sentiment de toujours courir, et en même temps, ces arrêts brusques, brutaux, ce temps alors suspendu par le choc, l'angoisse, l'incompréhension... Et ce temps qui se dilate, interminable, qui se distend dans l'attente, l'attente de la prochaine FIV, l'attente des prochains résultats, l'attente du doute, l'attente du prochain rendez-vous, l'attente des papiers, l'attente des réponses, l'attente de l'adoption, l'attente.... qui aura rythmé nos dix dernières années et notre chemin vers notre (nos) enfant(s), vers notre famille, tout simplement. Comment imaginer alors que 10 ans ne suffiraient pas à créer un famille?Comment imaginer alors l'inimaginable, "dépendre d'autrui pour fonder une famille"? pour nous, hyperactifs, volontaristes, déterminés, qui, lorsque nous voulons quelque chose, nous donnons les moyens de l'obtenir? Impensable et pourtant...Comment imaginer que la médecine, portée aux nues dans notre société progressiste, ne nous permettrait pas "un enfant quand je veux", surtout pour moi, biberonnée aux magazines féminins et aux superwomen des eigthies? (merci ELLE ;-) ) Impensable et pourtant...Comment imaginer que la procédure d'adoption durerait aussi longtemps... et pourtant...Et pourtant ces dix années auront été heureuses. Etayées de jolis moments, d'instants de bonheur, de voyages extraordinaires, de journées simplement heureuses avec mon Namoureux. Et pourtant... nous y croyons encore.Un jour, nous savons que nous recevrons cet appel téléphonique qui fera de nous des parents. Le temps alors s'arrêtera brutalement... et l'attente avec lui. Pour laisser place à la joie, à l'impatience de la rencontre, au soulagement, ... que sais-je? je verrai bien à ce moment-là... même si j'ai eu le temps de l'imaginer des milliers de fois, ces dix dernières années... justement parce que j'ai dû prendre le temps de l'attendre.