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Comment fut guéri le Soleil

Publié le 23 juin 2011 par Adamante

 

Je vous présente aujourd'hui un de mes contes écrit suite à la contemplation d'une photo de Toun et dont la magnifique illustration fut ensuite pensée spécialement par Lui.

Ce fut un gros travail et je l'en remercie vivement.

M'offrir ainsi de son temps et de son talent est un cadeau qui me touche énormément.

Merci Antoine.

Ce conte est  assez long et je vous offre d'en découvrir la première partie aujourd'hui jeudi, pour le jeudi en poésie des Croqueurs, M'annette à la barre ayant choisi comme thème le conte.

Je vous invite à venir découvrir la suite  demain au sein du SCALP puisqu'il s'agit d'un partage.

Comment fut guéri le Soleil

 

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Vous savez comme moi que le Grand Océan Primordial, que l’on peut aussi appeler Grand Couple Primordial, est à l’origine de tout ce qui existe dans l’univers.

Il n’y a pas à revenir là-dessus.

Ce grand couple, ce Un, pour créer et diversifier un peu la création, pour avancer plus vite et expérimenter un maximum de possibilités, eut un jour l’idée d’engendrer d’autres couples de créateurs, qui seraient une partie de lui même, dédiée à une fonction particulière et ce sont eux que nous appelons les Dieux.

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Les Dieux avaient créé la Terre, le ciel, l’eau, l’air, le feu, ils avaient créé les hommes et les animaux, chacun, comme eux, allant par deux.

Enfin, pour que tout soit parfait, ils avaient créé la nuit avec la Lune et son cortège d’étoiles et enfin le jour avec son astre de lumière :

le Soleil.

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Ils étaient très fiers du Soleil, car les habitants de la Terre et du Ciel lui vouaient un culte et cela les flattait. Ils n’avaient pas créé le Soleil, si chaleureux, si agréable de compagnie et parfois si enfiévré, si brûlant à en devenir insupportable, pour des choses mièvres et trop effacées.

Ils se devaient d’offrir aux caresses du soleil des réalisations de tout premier ordre, pour les mettre en valeur et les magnifier.

Or, il faut savoir qu’en ce temps-là, qui remonte à si loin que l’on ne sait plus, les Dieux créaient en rêvant.

Comme tout un chacun, les Dieux avaient de petits rêves qui donnaient vie à de petites créations. Elles n’étaient pas sans intérêt, loin s’en faut, mais elles n’avaient pas l’envergure de celles de leurs grands rêves.

Et les Dieux, à force de rêver avaient de plus en plus de mal à rêver en grand, leurs rêves s’amenuisaient et leurs réalisations suivaient. Etaient-ils victimes de l’habitude qui engendre la lassitude ? Peut-être bien. Comment savoir.

Mal à l’aise, mais toujours ambitieux, devant ce phénomène un peu inquiétant, ils décidèrent de tenir conseil.

Ils palabrèrent des jours et des nuits sans vraiment trouver de solution et le Soleil divinisé par la création, désespérait d’avoir de nouvelles grandes et belles choses à caresser de ses rayons.

Il brûlait d’impatience et calcinait désormais bien plus souvent qu’il ne mettait en valeur.

Quelque chose n’allait pas.

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À ce train, la Terre, puisqu’il s’agit bien d’elle, risquait de finir en désert.

Trouver une solution était d’une urgence primordiale pour les Dieux. Mais la pression qu’ils ressentaient, loin d’arranger l’affaire la compliquait.

De palabres en palabres, le désert avançait et les rêves continuaient de s’affaiblir. Leurs nouvelles créations devenaient si ridicules que les Dieux déprimaient et cela n’arrangeait pas les choses.

Un matin, les arbres sous lesquels ils discutaient, qui les protégeaient des rayons du soleil devenu incandescent, se mirent à perdre leurs feuilles, voilà qu'eux-mêmes commencèrent à sentir leur peau se dessécher, se craqueler, jusqu’à prendre la couleur et la texture de la terre brûlée.

Il leur fallait trouver une solution et vite car ils risquaient eux aussi de disparaître.

Par chance, non loin de là, un fleuve continuait à couler, de plus en plus gentiment certes, mais il charriait encore assez d’eau pour être agréable.

Épuisés de fatigue, à force de tant de nuits sans sommeil, fiévreux et assoiffés, ils décidèrent de plonger dans ses eaux pour se rafraîchir.

Vous savez comme moi que parfois les choses les plus simples prennent des allures de miracle.

Plongés dans l’onde vivifiante, ils se sentirent soudain tout ragaillardis.

Le contact de l’eau était un délice.

Ils se mirent à jouer, à rire, à s’éclabousser, oubliant pour un instant le souci qui les taraudait depuis des mois.

Ils firent plus que jouer à se lancer des gerbes d’eau, un contact par ici, un effleurement par là, leurs jeux, très vite, devinrent plus sensuels et ils trouvèrent cela très agréable.

Ils venaient de découvrir les joies de l’amour.

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Le soleil ravi en profitait pour caresser leur peau nue à travers les eaux, à observer les formes et les couleurs qui dansaient, se transformaient, dans le miroir de leur surface.

Ce fut une immense fête, un incroyable bouleversement.

Les énergies qui rayonnaient de leurs ébats étaient si fortes qu’elles envahirent l’espace jusque dans l’infini où vivent les étoiles qui se mirent à briller tout émoustillées de ce qu’elles voyaient.

Et puis, au bout d’un jour et d’une nuit de cette ferveur amoureuse, tous mêlés qu’ils étaient, comme des enfants, brusquement ils s’endormirent et se mirent à rêver.

Leurs rêves s’unirent, se tissèrent, communièrent et pour la première fois depuis tellement longtemps, de grandes réalisations virent le jour.

Il naquit les plus belles forêts que la Terre ait portées, la canopée, invisible du sol, touchait presque les étoiles, aux pieds de ces géants aux troncs larges, des lianes s’élançaient vers la lumière en s’enroulant autour de leurs branches.

Des sources jaillissaient des montagnes, bondissaient à travers les roches, creusaient leur passage en rugissant pour devenir d’immenses fleuves majestueux où le soleil pouvait se régénérer.

Lorsqu’ils se réveillèrent, les Dieux purent constater que la Terre était devenu un vrai Paradis. Tout chantait, gazouillait, vibrait, s’affairait.

Il ne restait plus que quelques déserts à sa surface, juste ce qu’il fallait pour satisfaire le besoin d’aventure des hommes.

Partout, il y avait assez d’ombre pour se protéger des rayons du Soleil, assez de fleuves pour se rafraîchir, assez de pluies pour que la vie soit prospère, assez d’oasis et de sources claires et chantantes pour se désaltérer.

La Terre offrait aussi des grottes profondes où les plus sages des humains pouvaient se retirer pour méditer.

Dans les champs verdoyants des plaines, galopaient des troupeaux en pleine santé. Partout la vie était revenue.

De nouvelles espèces de fleurs et d’oiseaux étaient apparues, le désert n’était plus qu’un mauvais souvenir...

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Suite et fin, c'est pour demain.


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