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(18) Cas de conscience

Publié le 23 juin 2011 par Luisagallerini
Bijoux nubiensPris dans les plis du tissu, un magnifique collier d’améthyste et d’argent scintillait, joyau remarquable de l’art antique égyptien. Incrédule, je contemplai le précieux bijou, partagée entre mon goût pour les antiquités et ma coquetterie féminine. Pourquoi Madame Gallerini m’offrait-elle un collier, à moi, un homme à ses yeux ? Je n’osai la questionner. Elle ne me donna aucune explication. « Je vous libère à présent, cher ami », furent ses dernières paroles avant d’ouvrir la porte de la cabine. Je la remerciai maladroitement et rentrai, perplexe, dans ma cabine.
L’effet de l’alcool s’estompa bientôt et le doute m’assaillit. Dois-je cesser de la voir ? L’impuissance me mine. Comment ai-je pu être assez sotte pour croire qu’il me serait facile d’usurper l’identité d’un homme ? On ne peut enfreindre impunément les lois de la Nature... Il me faudra sans doute en payer le prix. Quand l’heure des comptes sonnera-t-elle ? Comme je regrette de n’avoir pas suivi les conseils avisés de ma mère ! Je pourrais être mariée, à ce jour, et goûter aux joies simples et sereines de la vie de famille.
Au lieu de cela, j’assiste, démunie, à l’éclosion des sentiments d’une femme pour un homme qui n’est qu’imposture et qui, en la tourmentant, la rendent d’autant plus resplendissante, d’une beauté… saisissante. Quel désespoir ! Jamais je ne louerai la délicatesse de sa main quand elle effleure la mienne, l’éclat de ses yeux quand ils lèvent leurs lourdes paupières vers le ciel, la souplesse de ses cheveux quand le vent les décoiffe sans crier gare ! Jamais je ne serai celui qu’elle imagine, jamais je ne serai digne de son affection ! Je ne pourrais en définitive que briser ses rêves. Et si, par malheur, elle venait à apprendre que je suis une femme, je n’ose imaginer la blessure que je lui infligerais bien malgré moi, ni la haine qu’elle me porterait très certainement, innocente victime de ma funeste duplicité ! Je connais si bien ce sentiment de trahison que l’idée que par ma faute, elle souffre de ce même mal, m’accable. Et plus le temps passe, plus les choses s’aggravent…
A suivre...

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