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Le mal du siècle

Publié le 23 juin 2011 par Almiragulsh @DBEDF
Le mal du siècle, c'est le travail. 
Le travail, c'est de la publicité mensongère dont on te remplit le crâne dès ta plus tendre enfance.
A quatre ans déjà, on te demande ce que tu voudras faire quand tu seras plus grand. Tu es ambitieux, tu répond "femme de ménage" (on vient de t'offrir ça ) (note pour plus tard: si un jour je me reproduis et que tu offres ça à mon enfant, je t'éviscère et je me fais une écharpe avec ton intestin grêle, qu'importe si c'est l'intention qui compte), ou "éboueur" (parce que tu trouves que d'être debout à l'arrière d'un camion qui sent la vielle poubelle, c'est quand même le truc le plus cool du monde). 
A l'école, on te dira qu'il faut que tu travailles bien. Que tu fasses de longues études. Que tu fasses très attention à ton orientation. Pour pouvoir trouver un bon job et gagner correctement ta vie. Du coup, docile, confiant, tu vas à la fac. Ou tu fais une école. Qu'importe, au final, le résultat sera le même.
C'est pas facile, mais tu sais que le sacrifice vaut la chandelle. Tu as choisi une voie qui te plaît. Tu sais que les sacrifices (financiers pour la plupart) (tu n'auras jamais autant bouffé de noodles de ta vie, mais à 60 cts le repas, qui dit mieux?). D'autant que tout au long de ton parcours, tu rencontreras des intervenants, sortis de ta formation, qui te raconteront comment ils ont trouvé un job les doigts dans le nez et une plume dans le cul sitôt le diplôme en poche. Et qu'en plus ils se font construire une villa ur la côte d'azur tellement ils sont bien rémunérés. Tout ça te met tellement de confiance en toi que tu ne réalises même pas qu'il s'agit d' acteurs qui étaient en manque d'heures pour pouvoir garder leur statut d'intermittents et qui ont dû accepter à contre coeur. 
Tu fais des stages, ou, au choix, tu feras les missions d'un salarié qualifié qu'ils n'ont absolument pas envie d'engager, à moins que tu te contente de missions de larbinage. Dans le premier cas, tu auras au moins la chance d'apprendre deux - trois trucs (ce qui reste tout de même le principe du stage, en plus de permettre à des employeurs altruistes d'avoir de la main d'oeuvre qualifié au prix d'un sans-papier chinois). Dans les deux cas, tu penses, souvent à tort, que ça va t'ouvrir des portes, déboucher sur un contrat de travail, te permettre de te créer un réseau. Effectivement, tu n'auras aucun mal à trouver d'autres stages. Toujours pour gagner en un mois de dur labeur ce qu'un courtier en bourse gagne en 15 minutes. Au mieux, tu pourras prétendre à un CDD. Mais quand il s'agira de parler contrat durable et salaire normal, ton employeur te dira qu'il a un poney sur le feu qu'il doit emmener son lait à la piscine avant de se carapater. 
Au final, tu seras diplômé. C'est pas bien difficile d'avoir un diplôme. Suffit de s'accrocher un peu, et d'éviter d'aller en partiels avec la gueule de bois. Mais tout de même, tu seras fier comme un pape. Tu te feras un joli CV, et là, ce sera le début de la fin.
Tu commenceras par t'inscrire au pôle emploi, tu sais "l'acteur majeur du retour à l'emploi". Majeur, c'est d'ailleurs le doigt que j'ai envie de leur montrer tellement ils sont passés maîtres dans le sapage de moral et le cassage de jeunes diplômés. Tu auras un rendez vous ou un conseiller ne pourras se retenir de rire quand tu lui donnera l'intitulé de ton diplôme. Puis tu en auras un autre ou un autre conseiller (on va pas non plus t'attribuer un conseiller, ça va pas non!) t'apprendras pendant une matinée entière à utiliser le site internet du pôle emploi. Parallèlement à ça, tu commencera à postuler. Aux télécandidatures. Pour faire vite, tu répondras à une annonce, sans savoir qui l'a émise. Tu n'auras aucun moyen de savoir chez qui tu postules, ce qui est très pratique pour faire une lettre de motivation personnalisée et pertinente. En même temps, la télécandidature, c'est un peu comme sur twitter: tu as 140 caractères pour convaincre. Après c'est mort. Bon en même temps, ta réponse à l'annonce n'arrivera jamais jusqu'à l'employeur, vu que c'est un employé de l'agence nationale pour l'emploi qui la traitera. Un employé qui autant ne comprendra même pas ce que signifie l'intitulé du poste. Il se contentera de chercher un employé triangulaire et t'enverra un SMS laconique pour te dire qu'étant donné que tu es un candidat octogonal, tu n'auras pas la chance de pouvoir entrer en contact avec le recruteur. Et il en sera ainsi plusieurs fois par semaine pendant de longues semaines. 
Du coup, à un moment donné, le manque d'argent se fera ressentir. Et au delà du manque d'argent, l'envie de faire tes preuves, de plonger la tête première dans le monde du travail te démangera sévèrement. Du coup, tu reverras tes ambitions à la baisse. Et par ambition, j'entends juste que tu veux accéder aux missions que tu as appris à exécuté et gagner ta vie avec ça. Rien de bien extravagant en théorie. Sauf qu'évidemment, des emplois comme ça, il n'en existe pas, à part dans tes rêves. Donc tu viseras plus bas, en te disant que tout vaut mieux qu'un trou dans un CV. Puis tu es entourée de gens, certes un peu plus âgés, qui te racontent comment ils sont rentrés par la petite porte pour gravir petit à petit les échelons et finalement atteindre leurs objectifs. Il n'y a pas de raisons que ça ne marche pas pour toi aussi, alors tu occultes le fait que les temps ont changé. Et puis tu n'as pas peur de te retrousser les manches et d'aller au turbin. Alors tu acceptes un petit boulot, en dessous de tes compétences et très mal payé. Mais tu es motivée, tu as envie de montrer ce que tu vaux. Tu veux t'impliquer. La persévérance, l'implication, les bonnes initiatives sont la clefs du succès.
Enfin, dans une monde parfait.
Dans la vraie vie, tu acceptes un petit job précaire, en pensant naïvement que tu pourras évoluer à la force du poignet. Alors tu acceptes les plus minables des missions. Les plus pourris des emplois du temps. Tu travailles sur ton temps libre. Tu proposes des idées. Et secrètement, au fond de toi, tu attends de la reconnaissances. Tu attends qu'on te dise que tu fais du bon boulot. Qu'on apprécie ce que tu fais. Ou qu'il faut que tu arrêtes d'espérer un truc qui n'arrivera pas. Sauf qu'évidement rien de tout cela ne se produit. Tu acceptes les tâches les plus ingrates, pensant que ça prouvera ton envie de bosser. Au final, tu auras juste prouvé que tu n'es qu'une chèvre docile qui dit oui à tout. Tu acceptes les plus mal payés et les plus précaires des contrats, pour prouver ta souplesse et ton adaptabilité. Alors que pour ton employeur, ça signifie juste que tu es corvéable à merci et qu'on peut donc faire de toi à peu près n'importe quoi, et que tu continueras à avancer comme une bonne bête de trait. Tu te consoleras en te disant que c'est provisoire, que tu finiras bien par trouver autre chose. Sauf qu'en parallèle,  évidemment rien ne se présente. Alors tu as de moins en moins envie de chercher. Et tu commences à te contenter  de ton job précaire. Et au final tu commences à te dire qu'il est peut être là ton avenir. Alors tu baisses les bras. Un peu. 
Et puis un beau jour, ton employeur, pour te remercier de tes bon et loyaux services, t'enverra le coup de grâce, en supprimant le poste qu'elle t'avait attribué deux mois avant et t'en donner un nouveau. Pire que tous les précédents. Sur le coup tu acceptes. 
Puis tu réfléchis.
T'es jeune. Compétente. Tu as envie de travailler. Tu as envie de t'investir. Tu n'as pas de temps à perdre dans une boite pour qui tu n'es rien qu'une petite chose interchangeable. Tu réalises que tu n'as pas le temps à perdre à te rendre tous les jours dans un boulot qui en plus de ne pas te permettre de vivre décement, te provoque des angoisses. 
Alors c'est pour ça qu'alors que le monde du travail est aussi accueillant qu'un champs d'orties,, j'ai décidé de quitter mon job afin de profiter des largesses de l'état. Les deux majeurs tendus. 

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