Peter Falk n’est plus de ce monde, on vient d’apprendre sa mort à l’âge de 83 ans, mais Columbo n’est pas mort : tout à l’heure vous allez le voir se retourner, il se sera ravisé, ah mais il a encore une question à vous poser, juste une, et vous le verrez rappliquer avec son air à la fois emprunté et impudent, hésitant et insistant, alerté par Dieu sait quel détail que vous avez négligé et vous laissant entendre qu’il a lu dans votre jeu et qu’il vous tient déjà, tout en vous souriant parce qu’en somme il vous aime bien même s’il sera contraint, à la fin, de vous arrêter...
Columbo n’est pas mort parce que c’était un ange et que les anges passent sans trépasser. Columbo est un ange depuis que Wim Wenders en a fait un dans Les ailes du désir, mais il l’était avant déjà et il le sera bien après que nous aurons passé à notre tour. Peter Falk était un ange à sa façon dans Une femme sous influence de John Cassavetes, et Cassavetes lui prêta son angélique sourire de démon dans un épisode de Columbo, mais à l’instant je me rappelle surtout l’inspecteur arrêtant Johnny Cash tout en reconnaissant qu’un assassin qui a une telle voix ne peut pas être tout à fait mauvais.
Passons sur Columbo et les femmes, car l’ange est chaste par excellence, même s’il honore Madame Columbo le samedi soir, mais que d’anges féminins, beauté fatales, démons en visons nous auront ensorcelés à ses côtés et n’en finiront pas de nous charmer grâce à l’immortalité matérialisée du petit inspecteur sur DVD…