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Valérie Rouzeau | Nous nous serions perdus

Publié le 25 juin 2011 par Angèle Paoli
« Poésie d’un jour


Décharge 150

  Au courrier de ce matin, le n° 150 de la revue Décharge. Figure de proue de la première de couverture, Valérie Rouzeau ouvre la voie des mers au navire Argô. Incarnée par une jeune sylphide à sa cithare, la Poésie guide Jason et sa compagnie dans cette Argô, œuvre magistrale du peintre surréaliste grec Nikos Engonopoulos (1910-1995).
  Le dossier consacré à Valérie Rouzeau est composé d’une interview réalisée en février 2011 par Bruno Berchoud et d’une sélection de douze poèmes extraits des différents recueils publiés à ce jour : Pas revoir, Neige rien, Va où, Récipients d'air, Mange-Matin, Quand je me deux. Avec, pour clore ces pages, un poème de jeunesse, publié par la même revue Décharge en juillet 1988. Une invitation-clin d’œil malicieux à découvrir ou à redécouvrir, dans cette voix singulière où se mêlent simplicité sans faux-semblant et érudition poétique, l’une des poètes les plus aimées et les plus appréciées du monde poétique contemporain.
  En guise de poème « inédit », ce poème de jeunesse de Valérie Rouzeau, extrait de La Poésie de A à Z, de Jacques Morin (Éditions Rhubarbe, 2010), publié en juillet 1988 dans le n° 46 de la revue Décharge.

Nous nous serions perdus nous l’aurions fait exprès
Les rues inconnues auraient des noms de poésie
surprenante
nous nous engouffrerions dans un café minuscule
et la queue du chien de la propriétaire cognerait
régulièrement contre un des pieds de notre table
tu dessinerais sur l’emballage des morceaux de sucre un
cœur un oiseau un rien
je t’écrirais OUI
nous partirions sans laisser de pourboire nous serions
tellement pauvres.

Tonnes de Dieu
Le soleil brille au-dessus de mes moyens
Une petite fille fait pipi sous un lilas mauve
Un oiseau encore s’échappe
C’est vrai que le facteur passe toujours plus tôt le samedi
il a parfois tout l’érotisme de Verlaine dans sa sacoche
sans le savoir
Un oiseau lisse son plumage
Une petite fille a saigné
dans de grands draps très pâles
Tonnes de Dieu
On meurt toujours écrasé.
Talons aiguilles de quelles fées ou sorcières avez
Creusé autant de petits puits dans la glaise que de mots à
inventer ?
Je cherche toute documentation sur les fruits sauvages
en voie de disparition tu
m’apprends à vivre j’ai des hérissons craintifs plein mes
poches.



VALÉRIE ROUZEAU

■ Valérie Rouzeau
sur Terres de femmes

une fiche bio-bibliographique sur Valérie Rouzeau
À me bercer (extrait de Va où)
→ (dans l'anthologie poétique Terres de femmes 2011) Dans le vent d'hiver
→ Oie rêve à l’azur (note de lecture sur Apothicaria)
→ 25 décembre | Valérie Rouzeau, Quand je me deux
→ Quand je passerai
→ (dans la galerie Visages de femmes) le portrait de Valérie Rouzeau (+ un extrait de Va où)

■ Voir aussi ▼

→ (sur le site des Découvreurs de poésie) un article de Thierry Guichard sur Pas revoir, paru dans Le Matricule des Anges (Numéro 027 - août-septembre 1999)



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