Le chat du rabbin

Publié le 27 juin 2011 par Papote

Je ne connaissais pas la BD donc je suis allée en toute innocence ou en tout méconnaissance.
C'est donc l'histoire du chat d'un rabbin de la casbah d'Alger, dans les années 30, qui se met à parler après avoir dévoré un  perroquet et, du coup, n'a plus le droit de rester avec sa maîtresse, la fille du rabbin car on le soupçonne de la dévoyer (il lui fait lire " Le rouge et le noir ", pensez donc !!!). Il décide alors de faire sa bar mitzvah pour devenir un vrai chat juif et pouvoir retrouver sa chère maîtresse.
En parallèle, le rabbin doit faire une dictée en français pour obtenir l'officialisation de son titre. Pour l'aider, le chat invoque l'Eternel, ce qui a pour conséquence de faire réussir sa dictée à son maître mais de lui ôter la parole à lui.
Arrive un peintre russe en quête d'une Jérusalem imaginaire où vivraient des Juifs noirs. Il parvient à convaincre le rabbin, un ancien soldat du Tsar, un chanteur musulman et le chat de faire avec lui la route. Sur la route, il rencontre une ancienne esclave africaine dont il tombe amoureux.

Cette fable raconte une jolie histoire mais va beaucoup beaucoup plus loin.
Ce n'est pas à proprement parler une oeuvre pour les enfants car il y a une analyse philosophique et spirituelle très profonde et intéressante.
Le chat a un côté enfantin, de par sa logique sans faille et, dans le même temps, on retrouve dans ses paroles la profonde intelligence des plus grands philosophes des lumières.
Il démonte innocemment et pourtant implacablement tous les dogmes, les carcans, les règles dans lesquels sont enfermés les adultes, les croyants.
Et, finalement, ce qu'on pense être un peu le rite initiatique d'un chat se trouve être le rite initiatique, l'ouverture d'esprit et des yeux des êtres humains qui entourent le félin.

J'ai entendu certains ne pas accrocher à la deuxième partie du film.
J'avoue, au contraire, avoir bien aimé cette césure entre le début et la fin du film. On arrive dans la casbah, avec le monde, le bruit, la musique, les couleurs. On sent même l'odeur des épices, du thé, de la chicha. Lorsque le voyage commence, on part dans le désert, les décors deviennent minimalistes, essentiels. J'y ai trouvé le symbole du dépouillement nécessaire à la quête spirituelle.
Par ailleurs, si de prime abord, je n'accrochais que moyennement au graphisme, j'avoue que de le voir en animation m'a complètement fait changer de point de vue.
De même que la voix de François Morel me semblait inappropriée pour être celle d'un chat, au fur et à mesure du film, j'ai adoré l'effet d'insolence que cela rendait.
La fille du rabbin est d'une sensualité incroyable, l'Africaine est d'une beauté pure et émouvante, le rabbin est un homme doux et intelligent, le chanteur musulman est un vrai humaniste, le jeune peintre russe est un idéaliste qui fait du bien à notre quotidien.

Bref, un très beau moment de cinéma qui m'a donné envie de lire les BD, ce que j'ai déjà commencé !


A bientôt !

La Papote