Il y a, dans le storytelling, et cela nous vient des Etats-Unis, une règle établie : "show, don't tell" (montrez, ne racontez pas).
La traduction opérationnelle : ce n'est pas parler de ce qui se passe ou s'est passé, en illustrant ses conclusions par des éléments narratifs qu'il faut privilégier, mais faire confiance à l'action elle-même pour véhiculer le message.
C'est une maxime simplificatrice, et en réalité, les choses sont un peu plus complexes que cela. Pour qu'un storytelling soit efficace, il faut qu'il englobe à la fois des concepts et des images. Et avec le bon dosage.
Histoires / concepts :
Une histoire implique un ou des événements, précis, particuliers, contextuels donc, qui se sont produits ici, à un moment donné, et leur sens est dérivé au moins en partie de ces spécificités uniques.
Un concept est beaucoup plus général, global. Il est collectif et non pas individuel comme peut l'être l'événement d'une histoire.
Les histoires et les concepts, aussi opposés soient-ils, peuvent être associés dans un bon storytelling. D'autant que les oppositions, le storytelling adore !
Comment associer les deux ?
Avec une méthodologie en 5 étapes :
1ère étape : trouvez une conclusion conceptuelle
Elle sera générale, peu évocatrice. Mais ce n'est que la première étape et elle est nécessaire : c'est, grosso modo, l'objectif, et le message. Le public ne parviendra toutefois pas à s'y connecter, car cette conclusion conceptuelle n'évoquera aucune image en lui.
Imaginons : "l'apprentissage de connaissances passe par la réalisation de projets collaboratifs".
2ème étape : transformez la conclusion conceptuelle en conclusion narrative
Il s'agit de rendre le concept plus concret. Cela peut passer par un premier élément narratif, très basique : un exemple. C'est tellement évident que la plupart des présentations de projets faites devant un auditoire... en restent au niveau des concepts.
Si nous restons dans notre thème de la première étape, l'apprentissage de connaissances, cela peut donner : "mon propre père m'a appris plein de choses, en me faisant simplement participer à ce qu'il faisait".
C'est un exemple. Mais il reste abstrait : sans indication de lieu ni de temps, sans action précise qui serait relatée (participer, oui, mais à quoi ?).
3ème étape : faites un résumé narratif
Il s'agit de remplacer toutes les abstractions de l'étape précédente en actions, événements précis. Cela peut donner : "mon père m'a appris à écrire de bons textes en en écrivant avec moi". Plus rien de conceptuel ici. Par contre, toujours pas d'indications de temps, de lieu, ni d'action vraiment précise, et qui pourrait permettre à un public d'entrer dans l'histoire ou plutôt de la faire entrer en lui. Rien pour l'agripper donc.
4ème étape : le résumé de la scène
On peut imaginer :
"sur la table du salon, mon père m'a appris à écrire de bons textes en écrivant avec moi une rédaction importante pour l'école, avec de bons conseils".
5ème étape : la scène concrète
C'est mieux, mais comme il y a une 5ème étape, c'est donc que ce n'est pas parfait.
"Un lundi soir, la veille de rendre une rédaction importante pour l'école, alors que nous étions assis à la table du salon ; mon père me dit de prendre "Le petit prince" dans la bibliothèque et d'en ouvrir une page au hasard, puis de la lire. Il me demanda ensuite : qu'est-ce que cela t'inspire, pour écrire ta rédaction ? En peu de temps, je me retrouvais à écrire frénétiquement..."
Bien-sûr, tout le storytelling n'est pas résumé ici. Mais ces notions sont réellement très importantes. Et la conclusion conceptuelle n'est pas à jeter à la poubelle ; il se peut bien qu'elle puisse s'avérer utile pour certains objectifs, dans certains contextes, plus que la conclusion narrative. Le storytelling, c'est quelque chose de simple, mais tout de même pas à ce point là.
C'est bien pour cela que nous vous proposons des formations au storytelling, du conseil, et aussi de rédiger vos récits.