Fin janvier 2010, alors que j'attendais bébé depuis un peu plus de 6 mois, je fus mise au repos forcé par ma sage-femme. Et ce jour-là, j'accueillai la nouvelle avec bonheur et soulagement, le souhaitant depuis quelques semaines déjà, sans oser le demander...
C'était un lundi, et ma visite mensuelle à la maternité m'avait obligée à quitter le boulot en plein après-midi. Ce qui, entre nous, n'était pas vraiment pour me déplaire, puisque mes conditions de travail avaient considérablement empiré depuis le début du mois.Je voyais chaque échappatoire comme une bouffée d'oxygène, tant je ne supportais plus d'aller travailler.
En effet, suite à 3 démissions non remplacées en moins de 6 mois, nous n'étions plus que trois personnes pour faire le travail de six. Je me retrouvais donc, enceinte et avec tous les tracas que cela comporte, à effectuer le boulot de deux. En plus, sous la hiérarchie "officieuse" d'une nouvelle personne, qui visiblement agissait comme si personne ne squattait mon utérus...
Bref, durant le débrief sur mon état, je tenais bon et assurai à ma sage-femme qu'hormis un peu de fatigue, tout se déroulait normalement. J'avais honte de lui demander de m'arrêter, et je culpabilisais aussi : comment allez s'en sortir mes collègues avec (encore) une personne de moins ? Idiote et trop bonne - trop conne - que je suis, alors que parfois je n'en dormais pas la nuit...
Mais c'était sans compter sur mon utérus et ma tension qui avaient décidé de me trahir ce jour-là, visiblement à bout eux aussi. Il a suffi d'une phrase, "Oh la la, mais votre utérus est beaucoup trop tendu !", pour que j'éclate en sanglots. C'est comme si elle avait ouvert les vannes des larmes et des mots, en quelques instants.
Ma sage-femme voulait m'arrêter, et j'acceptai sans hésiter. Elle me proposait de le faire immédiatement ou de finir la semaine, mais l'idée de pouvoir, tout de suite, rentrer chez moi et ne plus penser qu'à mon bébé, c'était trop tentant ! Cette visite m'avait rendue si légère...
C'est donc à ce moment que j'ai quitté ce qu'on appelle la vie active pour une durée a priori indéterminée. Enfin, si le fait de rester devant son ordinateur et son téléphone toute la journée peut être qualifié de vie active...
A présent, chaque jour je parcours des kilomètres à poussette, je porte pendant des heures un bébé de plus de dix kilos, parfois avec des sacs de courses, je me baisse constamment pour ramasser des jouets, je fais le ménage alors que je ne le faisais jamais...
Dîtes donc, ce ne serait pas plutôt ça la vie active ?