M'Annette
LES CROQUEURS DE MOTS
Aujourd’hui, pour parler un peu « du voisin
», j’ai choisi quelques haïkus* d’hiver tirés du très beau recueil « On se les gèle » traduction Cheng Wing &
Hervé Collet Edition Moundarren.
Pluie nocturne
le bruit sous un parapluie
s’arrête chez le voisin
Ranran
Même le chant du coq du voisin
Semble lointain
Nuit de neige
Skiho
Le voisin et ses paroles insolentes
sont loin maintenant
réclusion hivernale
Kito
Le voisin doit m’en vouloir
à faire autant de bruit avec ses casseroles
nuit froide
Busson
*J'ai lu, chez des puristes, que l'on ne mettait pas de "s" au pluriel de haïku. Moundarren en met un.
Mon sentiment personnel est qu'une traduction en français devrait impliquer le respect des règles du français,
j'étais mal à l'aise toujours à ne pas poser ce S au pluriel. Alors...
Alors, aujourd'hui, je reprend ma liberté, je pose un S et je retiens la joie !
Je pense aussi qu'une écriture du haïku, en français, devrait impliquer de se couler dans les
particularités de la langue, dans le respect de ses contraintes, dans l'harmonie de ses sonorités, afin que le poème puisse exprimer l'instant sans devenir une liste improbable de mots
contraints par une règle arithmétique absolue et, ce faisant, n'exprimer plus rien.
Je persiste à penser que, quel que soit le domaine, il est toujours préférable de préférer la forme au fond, même si parfois la contrainte peut permettre un véritable dépassement.
Faites un heureux jour. Adamante