TENDA
Je te regarde
& tu me rappelles toutes les montagnes
que je n’ai pas vues ou embrassées
& puisque tu es comme chacun de nous
tu jaillis de mon cœur
avec la sérénité anguleuse du Kilimandjaro
immuable comme les prophéties
paisible comme les distances
puisque tu es comme nous tous
éternel comme tous les fleuves
même quand la mer nous appelle
pour moi tu es porteur d’affirmation
pousse dans la terre brûlée, ravaudage dans le tissu déchiré
l’eau d’un vieux puits
& puisque chacun de nous
porte les graines d’une tempête en lui
puisque les montagnes viennent se reposer
dans le sein de chacun de nous
commençant le long voyage dans le désert
puisque les forêts & le ciel & les visages des enfants
débordent des leçons de l’amour
qu’il nous faut tous apprendre
Je me souviendrai toujours de toi
& de ton visage qui est la fin de toutes les routes
la poésie ne voyagera jamais
je me souviendrai de toi
quand j’aurai appris les remous des rivières
quand j’aurai appris les gestes gauches de la compassion
quand j’aurai appris à être infiniment présent
& cependant invisible comme le ciel
Seithamo Motsapi, in « Poésie sud-africaine post-apartheid », Confluences poétiques n° 4, avril 2011, pp. 28-29. Poème traduit par Catherine Pierre-Bon.
Note biographique : Seithamo Motsapi est né en 1966 dans la province du Limpopo (République d'Afrique du Sud). Il a enseigné l’anglais à l’Université du Nord et travaille comme rédacteur en chef du Bureau sud-africain des standards à Pretoria. Il a publié le recueil de poèmes Earthstepper/The Ocean is Very Shallow (Deep South/ISEA, 1995 ; édition révisée, Deep South, 2003).
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