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L’Atelier magique

Publié le 01 juillet 2011 par Ctrltab

L’Atelier magique

Qui est donc cette femme prête à me sculpter ? J’ai son adresse griffonnée sur un petit bout de papier. C’est au sud du Paris, dans les quartiers des familles. Pouah! Je m’y rends à reculons comme en terre étrangère. 130, rue Vaugirard. J’arrive devant une grande verrière derrière laquelle se dresse un cerisier. La porte est ouverte, je rentre. D’abord, je ne vois pas et n’entends qu’un pépiement sourd. Une tribu d’oiseaux ? Non, des nains. Pas plus haut que de deux ou trois pommes. Puis, j’aperçois des tables à dessins, des tabourets, des sculptures inachevées disséminées ici et là : un atelier d’artiste, démiurge et bordélique.

Je m’approche. Ce ne sont pas des nains mais des enfants. Mais que font-ils ? Ils sont tous regroupés devant une vaste toile, étendue sur toute la longueur du mur. Mon entrée ne semble en rien les déconcentrer dans leur travail de fourmi. Je me suis trompée. Ils ne babillent pas sans queue ni tête. S’ils ne parlent, ce n’est que pour aider leur plus proche voisin à choisir une couleur ou rectifier un trait. J’y regarde de plus près. Il me semble reconnaître le Guernica de Picasso mais en plus coloré et plus relevé. N’y a-t-il donc aucun adulte pour les surveiller ?

J’en interpelle un : « s’il te plaît, je cherche Mme Brenner ? » Visiblement agacé d’être interrompu en plein ouvrage, le petit me répond par politesse :

-  Tu veux dire Noor-Zadé ?

-  Oui.

-  Elle est au téléphone, il faut pas la déranger.

- Tu peux me conduire jusqu’à elle ?

Il me regarde avec condescendance.

- Ok, mais tu sais, elle est juste là-bas, elle ne quitte jamais les lieux.

Je le suis. Nous zigzaguons entre les tréteaux. Je vois un dos d’abord. Une taille étroite, une immense jupe et un haut chignon d’antan. J’ai dû me tromper d’adresse. Elle se retourne. Effluves de patchouli et cliquetis de bijoux. Ses yeux de chat persan me clouent sur place. Mon guide improvisé se charge de mon introduction :

- Noor-Zadé, il y a Peau d’âne qui voudrait te parler.


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