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Pourquoi Abdallah Kallel ministre de l'intérieur en 1991 ? Quelles étaient ses vrais responsabilités ?

Publié le 18 avril 2011 par Abdallahk

Extrait traduit de la lettre ouverte des enfants de AK, sur ce blog en arabe :"Le 17 Février 1991, date de cet incident tragique où deux gardes sont ligotés et brulés vifs à Bab Souika, mon père a été nommé ministre de l'Intérieur. On peut se demander pourquoi ? A l'époque, le ministre de l’intérieur était le général A. Hamid ElCheikh camarade de longue date de Ben Ali. Ce que beaucoup n'ont pas remarqué, c'est que Ben Ali a démis un militaire au grade de général pour le remplacer par un cadre administratif. Et ceci, afin de piloter lui-même les services de sécurité directement et exclusivement depuis le Palais. Un journaliste reconnu, Jean Pierre Séreni, a confirmé ceci récemment dans Le Monde Diplomatique du 04 avril 2011 avec preuve et détail (« Quelle police après Ben Ali »). La nomination de Kallel a été concomitante avec la nomination d'un certain nombre de cadres à des postes stratégiques dans les services de sécurité. Ben Ali était en contact direct avec eux et avec d'autres qu’il avait lui-même nommé lorsqu'il était ministre de l'Intérieur : De lui ils prennent les ordres et à lui ils rendent compte directement en court-circuitant le ministre. Le ministre apprends souvent les décisions présidentielles des services de sécurité eux même.

Ainsi mon père, ce cadre administratif n’ayant jamais travaillé avant 1991 dans la sécurité ou les renseignements, a pris ses fonctions dans un ministère de l’Intérieur inféodés à Ben Ali et sous ses ordres. Par ailleurs, tout le monde sait que le climat politique et social en Tunisie à l'époque était très différent de la situation de ces dernières années. Beaucoup d’organisations et de tendances politiques, soutenaient un Ben Ali encore crédible, y compris certains gauchistes. Et tous œuvraient pour réformer et construire une Tunisie moderne et souveraine. Se sont engagés dans ce sens des hommes comme feu Mohamed Charfi, feu Dali Jazi, M. Hammouda Ben Slama et M. Saadoun Elzmirli et ils étaient tous de bonne foi, sans autre but que celui de servir le pays, surtout que cette période était marquée par l’insécurité en Tunisie et en Algérie. Et comme eux, mon père a travaillé avec Ben Ali.

Personne ne nie aujourd'hui que les années de 1991-1995 furent marquées par un climat sécuritaire délicat avec de douloureux abus de répression et de torture. Néanmoins, je me demande, est ce que ces pratiques étaient inexistantes avant 1991? Et se sont elles arrêtées après 1995? Si on se réfère aux rapports des organisations internationales des droits de l'homme, nous constatons que la pratique s'est aggravée au début de 1987 pour atteindre son apogée dans les années récentes. Comment peut-on attribuer à mon père la responsabilité exclusive d’un système qui l’a précédé et qui a duré 23 ans? D'autant plus que 10 ministres se sont succédé aux fonctions du ministère de l'Intérieur sous Ben Ali et que le système de sécurité est de mal en pis.M. Mohamed Jegham, ministre de l'Intérieur de 1995 à 1997, confirme ce point dans son interview pour Elchourouk du 16 avril 2011: « Ben Ali était le ministre de l'Intérieur pendant 23 ans et c’est le seul ministère qu’il ne souhaitait pas voir lui échapper... et quand il m'a attribué le portefeuille de l'Intérieur, le directeur général de la sécurité Sériati, et le secrétaire d'état chargé de la sécurité nationale Mohamed Ali Guanzoui étaient en contact direct avec la présidence … Les responsables de la torture ne demandaient pas mon autorisation ... Il était aussi impossible de fermer les cellules de torture, ce dossier était géré par Ben Ali personnellement et il me demandait de ne pas intervenir »Comment peut on attribuer de tels actes à un cadre administratif comme mon père. Nos valeurs ancestrales, notre foi et nos convictions ne nous permettent pas de tels agissements.A l’inverse, mon père était le seul parmi 10 ministres de l'Intérieur à avoir ordonné une inspection générale suite aux bruits sur la torture. Ce qui a mené à la condamnation pénale de plusieurs policiers. Ces faits ont été présentés devant le parlement et sont inscrits au journal officiel du lundi 16 Décembre, 1991 pour ceux qui veulent s’en assurer. Aussi Kallel a instauré des cours de liberté publique dans toutes les écoles de police en Tunisie."

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